Warhammer - Le Réveil du Géant, récits par les joueurs

Un coup d’éclairs aveuglants de Bowen mettant en fuite nos visiteurs plus tard, avec une intervention de Sire Charles pour achever de convaincre les plus récalcitrants, nous pouvions sortir en toute sécurité. Grâce à nos connaissances, nous avions pu reconnaitre des Fimirs, peuple sur lequel nous avons très peu d’informations.



Tout juste savions nous qu’ils vivent à l’écart des civilisations humaines. Il faut dire que leur allure de lézard (encore !) n’incitait pas à la confiance. Surtout avec un seul œil.

Mais déjà, les Dieux montraient leur attachement aux évènements digne des romances mal écrites : nous avions atterri juste à côté d’un chevalier mourant !



Attirés par ses derniers râles, nous ne pûmes que recueillir ses dernières paroles : il nous implora de sauver Dame Elizabeth.

Après lui avoir rendu les derniers hommages, nous nous dirigeâmes vers le village qu’il nous avait indiqué : Goldways Hills.



Nous y découvrîmes une population sous l’emprise des Fimirs, envahisseurs du château local et preneurs d’otage de ses occupants. De plus ceux-ci faisant régulièrement des rafles, capturant les femmes en âges de procréer. Les paysans, coincés par la topographie et sans autorité supérieure pouvant leur venir en aide, ne pouvaient que subir cette terrible situation. Au passage, nous pûmes comprendre que nous étions en Albion, juste de l’autre côté de la mer de Bretonnie.



Les Fimirs semblant être capable de parler, je recommandai une approche diplomatique, la santé des otages en dépendant. Les paysans nous les décrivant comme matriarcaux, les femmes de notre groupe pure demander une audience en se faisant passer pour les dominatrices de nos compagnons.

D’accord, les Fimirs parlent et permettent des échanges autres que « mort-détruire ». Sans que cela donne envie d’en faire des amis : l’état de crasse du château était absolument abominable, les femmes retenues dans des conditions à peine meilleures à celle des rates Skavens, sans doute faute de Malepierre, et la châtelaine à l’esprit complètement soumis exposée nue dans une cage au plafond de son hall.



Ma comparaison aux Skavens n’est pas innocente : les Fimirs ont de graves problèmes de reproduction, les femelles étant extrêmement rares. Curieusement, ils restent compatibles avec l’espèce humaine, les femmes donnant naissances à des Fimirs, et non des métis. Aussi, si l’on prenait en compte leur total mépris pour l’espèce humaine et cet impérieux besoin de survie de leur race, leur comportement était plutôt compréhensible.

Cela ne le rendait évidemment pas acceptable. Je parvins à les persuader que nous pouvions les aider s’ils amélioraient, sur nos conseils, les conditions de détentions de leur « cheptel ». Quel aide demandaient-ils ? Eh bien, à trois jours de marche d’ici se dressait un bâtiment nommé la Forteresse de l’Île Éternelle (poésie, quand tu nous tiens…), où trônait une pierre magique qui leur garantirait une plus grande fertilité et leur permettrait de se passer de l’option « femelle humaine ».

La brume les empêchant d’approcher, ils avaient donc besoin d’un groupe d’aventuriers non-Fimirs pour faire leurs courses. Oui, il y a comme un petit air de déjà-vu. Avec une belle promenade marécageuse en prime !

Trois jours plus tard, nous étions presque arrivés quand nous tombâmes sur un autre exemple de la population locale : un homme en kilt aux prises avec un ver géant !



Sire Charles expérimenta la possibilité qu’en ver puisse survivre même coupé en deux et prouva que ce n’était qu’une légende. Le survivant se présenta comme Angus et, fort reconnaissant, nous proposa l’hospitalité de son village. Curieusement, celui-ci n’était composé que de tentes plantées près du lac que nous cherchions, avec la forteresse bien en vue, prodigieuse aiguille noire dressée vers le ciel.

Apprenant l’objet de notre présence, les villageois nous racontèrent leur situation. Leur village d’origine était près du lac et fut détruit par la brutale apparition de la forteresse. On pouvait encore en voir les ruines à côté. Un flot de démons s’en déversa, précédés par les Fimirs qui fuirent vers Goldway Hills. De jour, la forteresse était vide. Mais la nuit, on pouvait apercevoir les démons patrouillant sur ses remparts.

Fort de ces renseignements, et malgré leurs avertissements, nous attendîmes le matin suivant pour explorer ce mystérieux bâtiment.



Ce n’était pas la première fois que nous visitions un lieu aux origines inhumaines, aussi le permanent sentiment de surréalisme, d’étrangeté omniprésente n’étonnera pas mon lecteur. L’architecture menaçante était clairement d’origine démoniaque et nos renseignements étaient corrects : pas âme qui vive.

Parvenant enfin à la salle supérieure à la base de l’aiguille, nous y découvrîmes un joyau baignant dans le soleil, illuminant la fresque au sol. Celle-ci montrant de Fimirs honorant des démons, allié au fait que ses perspectives étranges trahissait un public monoclydien, nous pûmes reconstituer ce qui s’était passé. Les Fimirs, par le biais d’un rituel autour de cette gemme, avaient créé cette forteresse, sans doute pour dominer la région à l’aide des démons qu’ils invoqueraient par la suite. Mais, sans surprise, les démons avaient d’autres projets et parvinrent à se rebeller. Les Fimirs durent abandonner leur gemme et les démons, ne pouvant ni s’en éloigner ni agir sur elle, restaient bloqués dans les parages.

Une gemme encourageant la fertilité, mon œil !

Quelques expériences plus tard, nous pûmes conclurent que la gemme était sensible aux rayons du soleil. Dès qu’elle en était protégée, des démons réapparaissaient, mugissant leur rage de nous voir occuper les lieux.



Après concertation, nous convînmes que le temps des négociations était terminé. Une fois la gemme transportée à l’extérieur, Hallbjörn put tranquillement ajuster son marteau et, d’un coup net et précis, réduire en mille éclats les rêves de domination de nos nouveaux antagonistes.

Que dire de plus de cette péripétie de la demoiselle en détresse ? Rien qui ne soit imprédictible, vue notre expérience en la matière. Hallbjörn, rompu aux discours galvanisant les troupes, n’eut aucun mal à motiver la quinzaine de guerriers du village à nous accompagner pour libérer Goldway Hills. Il faut dire qu’ils nous étaient des plus reconnaissants d’avoir anéanti la forteresse.

Et quelques jours plus tard, nous étions en vue du château. Cette fois-ci, ce fut Sire Charles qui mit ses connaissances à l’œuvre. L’architecture ressemblait tellement à ceux de sa terre natale que l’existence d’un passage secret était évident. Et la configuration du terrain ne laissait guère de possibilité : sa sortie devait déboucher à flanc de falaise. Aidés des villageois de Goldway Hills, le trouver ne fut que l’affaire de quelques heures.

Les Fimirs étant nocturnes, l’infiltration et attaque surprise se fit au petit matin. Notre priorité était la protection des prisonnières. Heureusement, nous avions pu repérer où elles étaient enfermées lors de notre précédente visite.

L’assaut fut un succès total. Totalement pris par surprise, les Fimirs n’avaient pu nous opposer qu’une résistance des plus symboliques. Je n’eus même pas à sortir mon matériel lourd de secours, il n’y eut que quelques plaies et bosses.

Il me faut néanmoins noter une chose étrange : la Mère Supérieure des Fimirs n’existait tout simplement pas, ses quartiers étaient vides. Et vu qu’ils étaient quand même gardés, je suppose que cette supercherie était l’œuvre de ses majordomes pour tromper leurs semblables. Quelles circonstances avaient pu mener à une telle situation ? Les deux comparses tués dans l’assaut, nous n’en saurons jamais rien. Quant à la châtelaine, elle ne montra aucune émotion à sa libération. Je crains que son esprit ne soit définitivement brisé. Puisse Shallya au moins lui accorder la paix des simples d’esprit !

Il y avait maintenant un village et un château à rebâtir, ou plutôt à refonder : sur nos conseils, les villageois décidèrent de fusionner leurs villages pour n’en faire qu’un seul, plus à même de résister à une nouvelle attaque.

Et c’est alors que survint l’évènement qui allait changer ma vie.

Sire Charles disparut brutalement. Ceux qui étaient avec lui l’avait vu se figer, le regard braqué vers l’orée de la forêt, d’où lui faisait signe le Chevalier de Sinople, servant de la Dame du Lac. Je tremblais en attendant son retour, car je ne savais que trop bien à quel point il n’était plus une tête brûlée rêvant de servir une Déesse : il connaissait les vraies origines de ce culte, que la Dame n’était qu’une des Anciens toujours vivants.

Enfin, après des heures d’attente, il réapparut, la mine défaite, vêtu d’une simple tunique. Son armure rouillée et son épée brisée laissées dans la forêt annonçaient sa déchéance. Il avait refusé le mensonge. Refusé de croire en la nécessité de mentir pour faire un monde meilleur. Tourné le dos à cet ordre miné par la trahison de ce qu’il prétend défendre. Il n’était plus un chevalier de la Bretonnie.

Mon cœur broyé d’angoisse en songeant au choix de Malbaude de Moussillon, je tentai de consoler Sire Charles, lui disant qu’il pourra toujours être un chevalier dans son cœur. Et qu’en ce qui me concerne, il est même le Premier Chevalier, de ceux qui refusent de suivre aveuglément des préceptes infondés. Et il me sourit. Il n’attendait que cela. Quelques jours plus tôt, je lui avais fait part de mes projets de m’installer au Royaume des Rats pour y poursuivre mes recherches et lui avait offert de m’accompagner. Il avait alors enfin répondu à mes avances, me répondant que oui, je ne le laissais pas indifférent. Qu’il voulait partir avec moi, m’accompagner dans cette vie pleine de projets fous et d’aventures pour bâtir une nouvelle société.

Et ce coup porté à son honneur n’avait rien changé, bien au contraire. Cela lui permettait maintenant de laisser définitivement derrière lui cette vie issue d’une société basée sur le mensonge et l’écrasement des gens sous la botte de quelques privilégiés. D’ailleurs, il ne s’y sentait même plus attaché : il avait déjà conçu son nouveau blason, symbole de sa renaissance : un phénix d’argent en champ d’azur. Sera-t-il fondateur d’un nouvel ordre chevaleresque fondé sur la protection des faibles ?

Il n’avait plus que quelques affaires à régler en Bretonnie avant de partir.

Quelques jours plus, nous arrivâmes à Couronne. J’ai oublié d’en parler plus tôt : Sire Charles avait un objet remis par Demêkh, un petit cube montrant des images mouvantes sur lesquelles on pouvait voir Logan Viertard comploter avec Katak.

En tant que prêtresse de Shallya et de Rhya, Solveig et moi n’eurent aucun mal à demander une audience avec le roi pour Sire Charles. En un cours entretien privé, Sire Charles annonça au roi son choix et lui donna le cube, afin que le nom de Clairelame soit définitivement lavé de tout soupçon de déshonneur. Le roi, lui-même Chevalier du Graal, connaissait bien sûr la vérité sur les origines de la Dame. C’est tristement qu’il remercia Sire Charles, lui assurant qu’il ne sera plus question de médire sur sa famille. Et lui souhaita bonne chance pour l’avenir.

Enfin, nous passâmes quelques jours au domaine de Clairelame. Tout avait été transformé ! Non seulement les quelques dizaines de personnes que nous avions sauvées du Moussillon étaient toujours là, mais en plus une somme d’argent considérable avait été envoyée par les Millet, nobles reconnaissant de Quenelles. Comme quoi parfois, on peut avoir des puissants reconnaissants.

Sire Charles put faire tranquillement ses adieux à sa famille et enfin, nous partîmes pour une nouvelle vie.

Ce journal touche maintenant à sa fin. J’en commencerai sans doute un autre pour notre vie au Royaume des Rats. Toutes ces idées qui se bousculent dans mon esprit : trouverai-je le moyen de guérir les mutations ? Sire Charles fondera-t-il un nouvel Ordre de Chevalerie ? Skavens et Humains parviendront-ils un jour à vivre ensemble ? Allais-je pouvoir recontacter Jocelyne et Aughra pour compiler leur savoir en une nouvelle Encyclopédie ? Et Demêkh, avait-il encore un rôle à jouer dans l’avenir du monde ? Et tant d’autres questions…

Tout cela, seules les années y répondront.

Ah oui, un dernier détail personnel avant de fermer ce journal. Pour ceux qui se posaient la question, ce n’est effectivement pas comme compagnon de voyage que Sire Charles voulait rester avec moi. D’ailleurs, une légère prise de poids ces dernières semaines et mes quelques connaissances médicales me laissent à penser que notre affection mutuelle n’est pas restée sans résultat.

Mais ceci est une autre histoire que je conterai peut-être un jour. Celle-ci est maintenant terminée.