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Récits de la Coterie du Forez

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Message par SPX Spécial Jeu 16 Nov 2017 - 1:56

J'invite tout joueur aimant l'écriture à mettre ici les résumés de nos parties de campagne. Libre au conteur d'accorder des points d'expérience en bonus ou non, cela sera toujours plaisant à lire et utile pour suivre l'histoire.
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Récits de la Coterie du Forez Empty Première missive de Bérénice du Clan Tremere

Message par SPX Spécial Jeu 16 Nov 2017 - 1:59

À l’attention de Maître Alexandro de la Fondation du Cœur Ardent de Delphes

Mon Maître,

Le Prince Landre d’Angerieux nous a reçus dans son pavillon de chasse du village de Montrond-le-Fort. Quand je dis « nous », vous l’avez compris, je n’étais pas seule à être lâchée dans le monde des Infants de la Nuit. Cinq autres Caïnites étaient présents – leur description suivra. Artémon, dit « le Prophète », le conseiller du Prince, nous a invités à entrer dans une grande salle de banquet. J’ai tout de suite remarqué qu’il prenait des notes sur tout et sur tout le monde en permanence. La trace de corruption de son sang propre aux Malkaviens, je présume.

Nous avons été reçus dans une salle parée de riches tapisseries représentant Son Excellence le Prince Landre dans des moments héroïques de sa carrière, entre autres le moment où il a vaincu son terrible adversaire, le Cappadocien connu sous le nom de « Némésis ». La pièce est une salle de banquet, avec une table, des chaises, et tout un festin de nourriture… bonne pour les mortels. Viandes, fruits, boissons… rien que notre condition de Caïnite puisse apprécier. J’imagine que c’est une manie des Toréadors d’exhiber une telle débauche de richesses futiles. Debout de l’autre côté de la table, deux personnes nous regardent entrer. Il s’agit de l’Abbé Séverin (probablement du Clan Lasombra) et d’un templier, Ser Revan de Saint-Esteve, dit le Pieux.

Mon maître, vous connaissez les raisons qui m’ont conduite jusqu’à la Fondation du Cœur Ardent. Si j’ai foi en des forces supérieures dont l’existence m’a été prouvée dès ma première rencontre avec ma Dame, votre Infante Héloïse, vous connaissez mon opinion quant à ceux qui ont la prétention de parler au nom de Dieu et Sa Miséricorde ; de fourbes hypocrites prêts à terroriser le peuple naïf et inculte pour s’approprier l’obéissance et l’argent des fidèles. Le fait de voir un Caïnite se conduisant ainsi au domaine me fait grincer des dents, mais je resterai stoïque, notre cause est trop importante pour laisser ma rancœur prendre le dessus. Vous comprendrez que ces deux-là seront probablement ceux qui me seront les moins sympathiques. Heureusement, je ne suis pas la seule à avoir cette opinion, mais nous y reviendrons.

Les deux Vampires nous invitent à prendre place autour de la table. Un serviteur passe parmi nous pour nous servir des gobelets de sang. Enfin, le Prince Landre d’Angerieux entre en grande pompe, suivi par son sénéchal, Roland de Sury du Chevalard du Clan Ventrue. Le Prince prend place à table et commence à déguster les mets. Encore une particularité de la plupart des Toréadors, si prompts à se mêler à la société mortelle.

Il est temps de nous présenter chacun notre tour, et d’expliquer les raisons qui nous amènent ici. L’occasion pour moi de présenter les Caïnites avec lesquels je vais être amenée à travailler.

Le premier à avancer est un jeune homme portant le tabard de l’Ordre des Chevaliers du Saint Sépulcre. Plutôt charismatique, il m’est sympathique au premier abord, mais beaucoup moins quand il ouvre la bouche. Sire Thibault de Mauvernay du Clan Ventrue est quelqu’un fermement convaincu de la nécessité de Dieu. Il semble fanatique, et ne perd pas une occasion de mêler le Créateur à nos affaires.

Le deuxième à se présenter est votre servante. Vous avez autorisé Dame Héloïse à faire de moi une Fille de la Nuit pour mes capacités et mon honnêteté, et je vous en remercie. Conformément à vos instructions, je ferai tout pour présenter le Clan Tremere sous un jour engageant. Aussi, j’ai choisi de parler franchement : j’ai annoncé publiquement mon appartenance au Clan Tremere, ainsi que mes devoirs auprès de la Fondation du Cœur Ardent. Il y a eu un léger flottement dans la salle, mais pas de quoi indisposer le Prince.

La personne suivante est un homme brun, au physique plutôt quelconque. Léotéric Duval, qui « apporte ses talents au Prince ». Et c’est tout ce qu’il dira.

Le quatrième à s’incliner devant Son Altesse est un Brujah grand, costaud, avec des mains que je devine habituées à battre le fer. Baudri annonce qu’il fera tout pour éviter un quelconque retour de Némésis.

L’atmosphère se tend brutalement lorsqu’avance un homme au corps qu’on devine nerveux et musculeux sous ses vêtements de cuir tanné. Sans être massif, il est imposant, d’instinct, il inspire la crainte. C’est Loki du Clan Gangrel. Quand il annonce qu’il est ici pour « tenir la forêt vide de tous les intrus », il insiste lourdement sur le « tous » en regardant l’Abbé Séverin d’un œil plutôt mauvais. Je sais que le Clan Tremere a eu souvent l’usage des Têtes-de-Loup pour créer des Gargouilles, mais la première impression que j’ai de celui-ci me laisse à penser qu’il pourrait être un allié de poids, pourvu qu’on le respecte.

Enfin, le dernier Caïnite à se présenter à Sire Landre d’Angerieux est un grand homme particulièrement séduisant. Il se nomme Valère d’Abbeville. Il y a quelque chose de plutôt étrange dans son regard. Je n’arrive pas à déterminer quoi. Lui non plus n’annonce pas clairement le nom de son Clan, mais la façon dont il me regardera par la suite me laisse à penser qu’il s’agit d’un Clan ayant eu à partie avec les Tremere. Il m’inspire confiance au premier abord, mais quelque chose me chuchote qu’il faudra rester vigilante avec lui.

Nous passons alors une épreuve qui m’est particulièrement difficile : l’Abbé Séverin nous donne à chacun la Bénédiction de Dieu, et nous demande de jurer fidélité au Prince Landre d’Angerieux. Quand c’est à mon tour de m’agenouiller devant ce prélat, je sens que ses doigts posés sur ma tête pourraient prendre feu. Mais je me domine. Et lorsqu’il me pose la question fatidique, je réponds « Au nom du Clan Tremere, je le jure », l’Abbé sursaute, le Prince a un petit rire, et Sire Revan me fixe d’un œil torve. Peut-être qu’il m’a déjà condamnée. Rassure-toi, brave templier au simulacre de conscience alourdi par les vies de centaines de femmes et enfants Maures massacrés au nom de ton Dieu d’amour, nous sommes deux à trouver l’autre antipathique !

Heureusement, nous n’aurons pas à rester plus longtemps. Le Prince annonce le lancement d’un jeu. Plus précisément une partie de chasse. Les gardes amènent alors une douzaine de mortels, tous paniqués jusqu’aux larmes. D’Angerieux nous explique que ces individus, accusés de pactiser avec le Démon, ont été condamnés pour hérésie. Autant que leur mort serve à nous distraire, n’est-ce pas ?

Je fus une mortelle, moi aussi, mais contrairement aux Caïnites suivant la Voie de l’Humanité, j’ai appris à voir les Humains comme nous étant inférieurs, et si je ne suis pas en faveur de la chasse à courre, cela ne me dérange pas trop lorsqu’il s’agit d’un gibier qui est capable de se défendre, et qui a besoin d’une bonne leçon.

Aussi, contre toute attente, j’accepte de participer à cette partie de chasse à l’homme. Le Prince accordera un point par tête ramenée, et deux points pour une proie vivante. Les individus sont lâchés, et nous leur laissons un petit quart d’heure d’avance. Au signal du sénéchal, Loki du Clan Gangrel grogne un grand coup. Ses ongles poussent à une vitesse effrayante pour se muer en griffes acérées, ses traits durcissent, ses yeux flamboient comme ceux d’un loup. Il bondit vers la sortie. Sire Thibault se lève et se lance à son tour à la poursuite des condamnés. Je ne me fais aucune illusion sur le sort des traînards.

Je pars en courant aux côtés de Valère d’Abbeville. Baudri et Léotéric nous suivent sans se presser. En chemin, je me concentre à la façon que vous m’inculquâtes pour améliorer la portée de mes sens. Si bien que je décèle une odeur de sueur et de peur, et des halètements. Trois hommes sont en embuscade. Je préviens d’Abbeville qui sort aussitôt son épée. Les trois gaillards armés de gourdins se jettent sur nous. La Thaumaturgie et la force des éléments me rendent temporairement plus forte, et j’en étends un d’un coup de bâton. Les deux autres, impressionnés par d’Abbeville, s’arrêtent et lèvent les bras. Le chevalier fait alors quelque chose de particulièrement amusant : il jette à leurs pieds une dague, et déclare : « je laisse vivre le survivant ». Les deux hommes, vraisemblablement des cousins, oublient vite les liens familiaux pour faire confiance à l’instinct de survie. Bien vite, l’un des deux éventre l’autre. D’Abbeville tient parole et décide d’en rester là. Il ordonne à son nouvel esclave de porter ma proie, toujours inerte au sol.

Nous sommes rejoints par Sire Thibault, lui-même est accompagné d’une petite jeune fille qui ne doit pas compter plus d’une douzaine de printemps, une villageoise baptisée Germaine. Quand nous rentrons au pavillon de chasse, le croisé raconte quelque chose de plutôt troublant : cette paysanne viendrait d’un petit village non loin, où il n’y a absolument plus personne de vivant. Tous les villageois ont été massacrés. Pire encore, les cadavres ont été disposés de façon à former un grand pentacle !

L’Abbé Séverin préconise de la soumettre à la question. On croirait voir un serpent affamé devant une souris. J’espère qu’elle vivra, mais connaissant leurs méthodes, j’ai des doutes. Le Prince nous demande de retourner au village pour voir s’il n’y aurait pas quelque chose, un indice sur ce qui s’est passé ?

Obéissant aux consignes de Son Excellence, nous descendons donc jusqu’au hameau de Germaine. Surprise, nous y retrouvons Loki, Léotéric et Baudri. Eux-mêmes sont en train d’investiguer. En effet, un nouveau mystère paraît : il n’y a plus une seule dépouille dans tout le secteur.

Une première recherche sommaire ne nous donne pas de résultat concret. C’est alors que l’indice nous tombe dessus littéralement. Tous les villageois surgissent d’un peu partout, autour du village. Il est évident qu’ils n’ont plus un souffle de vie en eux, compte tenu de leur état de décomposition, les points de suture qui maintiennent maladroitement les membres, les yeux vides, et pourtant ils sont animés, et tentent de nous dévorer !

Léotéric est le premier à frapper. Baudri agit avec une vitesse surhumaine, et taillade furieusement dans les corps. Une fois de plus, j’appelle la puissance de la Thaumaturgie pour me fortifier. Ce ne sera cependant pas nécessaire, car le combat sera très bref. Tous les six, nous nous battons de toute notre énergie, les guerriers étant bien sûr plus efficaces que votre servante. Soudain, quelque chose a rompu le sort, tous les cadavres animés s’écroulent en même temps. Il faut croire que celui qui a lancé le rituel destiné à les relever n’avait pas prévu une telle résistance. L’accalmie qui suit nous laisse le temps de réfléchir.

Il s’agirait d’un rituel d’une puissance peu commune, et la personne l’ayant jeté doit être particulièrement rompue dans l’art de la Nécromancie. Les cinq hommes de la Coterie décident de partir à la chasse du responsable – ils auraient une piste. Moi, je reste au village pour rassembler les corps et les brûler. J’en profite pour prendre des notes sur la façon dont ils ont été reconstitués, et j’essaie de déceler des résidus de magie dessus, avant la crémation. Bien sûr, je prends garde à allumer le feu du plus loin que je peux, en utilisant un filet d’huile trouvée dans une réserve.

Au bout d’une petite heure, les autres viennent me récupérer. Loki tient sous le bras la tête d’une monstrueuse créature qui serait vraisemblablement le responsable de ce carnage. Je l’examine attentivement ; bien qu’il y ait des ressemblances, bien que le corps de cette chose soit pourvu d’ailes, d’après mes camarades, il serait insultant pour le Clan Tremere de mettre sur la même valeur nos Gargouilles et cette abomination pitoyable.

Quand le Prince entend notre témoignage, il s’empourpre de colère. La Nécromancie est bien entendu l’apanage du Clan Cappadocien, le Clan dont fut issu le redoutable Némésis. D’Angerieux persiste et signe : il a détruit Némésis lui-même.

Loki en profite pour lancer une pique à l’attention de l’Abbé Séverin : l’homme d’église n’aurait pas été capable de repérer un tel démon. Sire Revan est prêt à dégainer son épée. J’aimerais bien voir comment il compte mater un Gangrel impatient d’en découdre. Le Prince lève la voix avant que la situation ne dégénère.

L’Abbé veut qu’on soumette Germaine à la question. L’interrogatoire commence. Autant au début, je dois faire preuve d’un sang-froid de statue pour me retenir de gifler le prélat, autant je crains de devoir lui donner raison, car le malaise monte au fur et à mesure de l’avancement de la conversation. Les propos que tient cette petite sont bien trop outrageux et blasphématoires pour être honnêtes. D’Abbeville se retire avec l’Abbé, puis tous deux reviennent quelques minutes plus tard. Je ne saurai ce qu’ils ont échangé, mais le verdict est sans appel : ce sera le bûcher.

Le « spectacle » est donné dans la cour, sous les huées des quelques spectateurs éveillés en pleine nuit par le crépitement des flammes et les cris de la malheureuse. Et si Loki regarde la scène sans sourciller, nonchalamment appuyé sur un mur, je refuse d’assister à cette triste scène, que cette pauvre fille soit hérétique ou pas.

Une fois la fête terminée, nous sommes de nouveau convoqués par le Prince. D’après lui, il y a justement un Vampire du Clan Cappadocien officiellement sur son territoire. Un religieux du nom de Venantius, employé à la morgue de Montbrezon, la capitale de la province du Forez. D’Angerieux s’indigne, car il avait également invité ce Venantius à se présenter à lui, mais il n’est pas venu, et n’a même pas envoyé de réponse, ce qui est irrespectueux. Peut-être est-il trempé dans cette histoire de Nécromancie ? Aussi le Prince nous mande pour aller le chercher. Le jour ne va pas tarder à se lever, nous partirons demain. En attendant, le Prince ajoute qu’il partira à Paris de son côté en faisant une halte à Montbrezon. Il nous laisse utiliser ce pavillon de chasse comme refuge et domaine. Nous garderons les comptes à lui rendre, mais nous serons maîtres de Montrond-le-Fort. Bonne nouvelle pour finir cette nuitée !

*

La nuit suivante nous voit amener une nouvelle énigme en la personne du Père Sébastien, un mortel venu voir le Prince. Celui-ci étant absent, c’est Sire Thibault de Mauvernay du Clan Ventrue qui s’octroie le droit de recevoir le prêtre au nom du Prince. Ce Père Sébastien était rattaché au hameau massacré la veille. Chance inouïe pour lui, il était justement en déplacement auprès d’une paroisse voisine, et n’est revenu que ce matin, pour découvrir un village complètement vide. Mauvernay questionne le prêtre, et lui demande notamment s’il aurait vu une personne se faisant appeler la « Pythie » ? Sans doute un nom trouvé d’une manière ou d’une autre pendant leurs investigations, ou par le biais d’une goule ayant fait une enquête diurne ? Quoi qu’il en soit, le prêtre ne veut rien dire, car ce qu’il sait est gardé par le secret de la confession.

Mauvernay use de la Domination pour le faire parler, mais se heurte à une résistance inhabituelle. Ce prêtre serait-il sincèrement convaincu du bien-fondé des Saintes Écritures, qui lui donnent l’assurance nécessaire pour résister aux pouvoirs des Infants de Caïn ? C’est alors que, et j’espère ne pas paraître trop orgueilleuse en le disant ainsi, je trouve la solution au problème. J’utilise un tout autre stratagème : je tente de le raisonner en lui disant ce qu’il espère entendre, à savoir que Dieu, dans Son infinie miséricorde, acceptera de pardonner au Père Sébastien de révéler ce qu’il sait, si cela nous aide à arrêter les Forces Diaboliques clairement présentes dans le secteur. Larmes aux yeux, l’homme d’église accepte de raconter son histoire à Loki, Thibault, Valère et votre servante.

Six mois auparavant, le Père Sébastien a été affecté ici. Rien de particulièrement inquiétant au niveau des superstitions locales, sauf pour un paroissien du nom de Yann. Yann avait de plus en plus de mal à participer à la vie du village, et même aller à la messe le dimanche lui semblait de plus en plus délicat. Au bout d’un mois et demie, soit donc quatre mois et demie avant notre arrivée, Yann a fini par craquer et s’est confessé : le pauvre diable avait de plus en plus de visions d’un personnage portant un masque de peau lui ordonnant de faire des choses de plus en plus sales. Cela commençait par le sacrifice d’un lapin, puis l’immolation d’un chat, puis d’une mule… et pour finir, ce qui a poussé Yann à la confession, le sacrifice d’un nouveau-né. Ce personnage masqué se faisait appeler « Némésis ».

Il est à présent temps de partir pour Montbrezon. Loki s’en va cependant de son côté, il a manifestement une affaire à traiter avec le Druide, le Gangrel dominant du duché. Cependant, il expédie rapidement les choses et se montre bien plus rapide que nous autres, car il nous rejoint quand nous arrivons au village maudit. En effet, je suis sûre qu’il y a des choses à trouver ici qui pourraient nous aider à avancer.

Nous trouvons sous l’écurie une petite pièce creusée dans laquelle tout le monde ne peut pas descendre. Loki et moi pénétrons dans ce réduit. Une forte odeur cuivrée de sang et de viande pourrie infecte nos narines. Au milieu de cette cave se trouve une paillasse couverte d’un drap qui fut sans doute clair autrefois, mais qui est maculé d’anciennes taches sombres dont on n’a aucun mal à reconnaître la provenance. Dans toute la pièce, on voit des morceaux de viande. Mes connaissances en chirurgie me permettent d’affirmer sans l’ombre d’un doute qu’il s’agit de carcasses d’animaux. On relève sur ces abats des traces de morsure appartenant à la même mâchoire, mais dont l’écartement des dents et la profondeur laissent deviner une croissance progressive et effrayante. La créature dont mes camarades ont ramené la tête a bien été mise au monde et nourrie ici.

L’un des membres de la Coterie dit à haute voix : « Ah, si seulement les murs pouvaient parler ! ». Et c’est ce qui me donne une idée géniale. Grâce à la Thaumaturgie, et à la Discipline de la Langue de Bois, je peux faire mieux. Je m’agenouille près de la litière, pose mes mains sur le tissu imbibé de sang séché, et ordonne par la pensée : « Dis-moi ce qui s’est passé au moment où tu as été souillé ». J’entre alors dans une transe rituelle qui me fait vivre une scène particulièrement déplaisante.


Je suis allongée sur la litière, complètement nue, et recouverte de signes peints sur mon corps avec du sang. En tournant la tête, je constate que des bracelets de fer maintiennent fermement mes poignets et mes chevilles écartelés. Une douleur fulgurante lacère mon abdomen. L’horreur est complète lorsque je vois mon ventre monstrueusement distendu, comme si quelque chose de trop grand pour le contenir luttait violemment pour en sortir. Près de moi, une vieille femme aux cheveux blancs hirsutes aboie, complètement exaltée, « viens, ô grand seigneur ! Viens donc, ton Père sera fier ! ». J’arrive à distinguer en arrière quatre individus alignés au fond de la salle. Impossible de voir leur visage, ils sont encapuchonnés tels des moines à la robe noire. Ils psalmodient ensemble des imprécations dont je n’arrive pas à saisir le sens.

Le cauchemar arrive à son paroxysme lorsque mon ventre est soumis à une véritable explosion de souffrance. Je n’ose pas regarder, mais j’entends le bruit écœurant d’une flatulence immonde, suivi d’un crissement bestial qui n’a absolument rien d’humain, avant de m’évanouir.



Je reprends connaissance d’un coup, tremblante, choquée par ce que je viens de vivre. Je raconte l’expérience à mes camarades de Coterie. En y repensant, d’autres petits détails me reviennent en mémoire. Je n’ai pas vu les visages, mais il y avait des petits signes qui ne trompent pas : les yeux brillants sous les cagoules, les crocs saillants par-dessus les lèvres souriant cruellement… les quatre personnes du fond étaient des Vampires. Loki réfléchit, et pense à haute voix que ces quatre Caïnites appartiendraient à la lignée des Baali. Je ne connais pas grand-chose sur eux, j’ai encore tout à apprendre, je le reconnais, mais je sais tout de même que leur nom n’est pas très bien considéré chez nous. Sire d’Abbeville précise qu’ils vénèrent Satan en personne. Autrement dit, on a affaire à des hérétiques pour les Humains, et de maudits trouble-fête pour nous, les Caïnites.

Je n’ai pas du tout envie de faire attendre le Prince, et veux l’informer de ce que j’ai vu au plus vite. Loki m’accompagnera. Néanmoins, les autres veulent qu’on aille chercher Venantius. Nous nous séparons donc. Avec le Gangrel, paradoxalement, je me sens en sécurité. Il n’a pas l’air de me considérer comme une ennemie, et son antipathie affichée envers les hommes d’église me plaît. Personne sur le chemin n’osera nous importuner.

La demeure du Prince est une prison qui a été entièrement rénovée et redécorée à la sauce Toréador. Artémon, plus griffonneur que jamais, nous fait entrer dans la salle du trône.

Je l’informe donc de ce que nous avons découvert. Il accuse difficilement le coup, mais garde son calme princier. Il nous remercie poliment. Loki en profite pour lui transmettre un message : le Druide acceptera de le rencontrer à la prochaine pleine lune dans la « Clairière ».

C’est sur ces entrefaites qu’arrivent Léotéric, Baudri, d’Abbeville et Mauvernay, accompagnés d’un petit jeune homme portant le froc d’un scribe. C’est Venantius du Clan Cappadocien. Il n’avait jamais été informé de l’invitation du Prince. Le messager a donc été intercepté. Tout a donc été fait pour semer la zizanie, il semblerait.

Roland de Sury va rester en régence à Montbrezon, pendant que le Prince ira à Paris. Il nous demande de rester vigilants. Némésis ne peut pas être revenu de l’Enfer. Nous avons très probablement affaire à un imitateur.
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Récits de la Coterie du Forez Empty Deuxième missive de Bérénice du Clan Tremere

Message par SPX Spécial Mer 20 Déc 2017 - 2:20

À l’attention de Maître Alexandro de la Fondation du Cœur Ardent de Delphes

Mon Maître,

Je crains d’avoir mis le Clan dans une situation embarrassante à cause d’une erreur de jugement. En croyant bien faire, j’ai oublié le principe le plus élémentaire d’obéissance à la supériorité hiérarchique, encore que tout est une question de point de vue. Mais ne brûlons pas les étapes. Je vais reprendre mon récit où je l’ai laissé, et vous en jugerez par vous-même.

Sur la demande de l’autorité locale, donc, nous allons enquêter de nouveau au village où eut lieu l’attaque des mort-vivants. Nous sommes accompagnés de Venantius du Clan Cappadocien. Sur place, nous retrouvons le Père Sébastien, qui nous avait mis sur la piste, vous vous en souvenez. Le chevalier Valère d’Abbeville suggère d’envoyer des éclaireurs aux autres villages alentour, afin de vérifier si le fléau a frappé de nouveau.

Notre nouveau camarade du Clan Cappadocien se sent plutôt mal dès notre arrivée. Il perçoit les appels à l’aide et les cris de souffrance des âmes des habitants qui ne sont pas en paix. À sa demande, je l’emmène dans la cave où a eu lieu le rituel de la Pythie. Il se concentre quelques instants, et confirme qu’il s’agit bien d’une magie d’incantation liée au Diable.

Venantius a une idée : invoquer un esprit pour le questionner. Seulement, ces esprits tourmentés risquent fort de se montrer violents. Aussi, il faudra le protéger pendant l’exécution de son rituel.

Le prêtre Cappadocien ramasse le drap souillé et l’emmène sur la place du village. Nous tâchons de déblayer des alentours tous les objets qui seraient susceptibles de servir d’armes aux esprits frappeurs. Puis Venantius pose le drap, s’agenouille, et commence à marmonner en latin. La terre commence à trembler. Des gravillons se rassemblent à quelques mètres du prêtre, une sorte de vague de glaise s’étire du sol, et peu à peu c’est une forme vaguement humaine de trois bons mètres de haut qui se tient devant nous. Le golem de terre lève des poings gros comme des meules, qui prennent chacun la forme d’une tête de massue. Pas mal comme modèle pour une prochaine expérience…

Baudri du Clan Brujah s’avance, épée au clair, et tranche net l’un des avant-bras de la créature monstrueuse. Le Gangrel sort ses griffes et taillade sa jambe, le mettant à genoux. Valère lui sectionne l’autre jambe. Le golem s’écrase au sol juste devant moi et explose, m’inondant de boue de la tête aux pieds.

Le calme revient, les grondements ont cessé, on n’entend plus que les murmures de Venantius. Mais nous ne sommes pas tirés d’affaire pour autant. Je constate, hallucinée, que les cailloux, les gravats, les mottes de glaise se rassemblent lentement autour de nous, et commencent à nous comprimer les pieds. Et Venantius a de la terre jusqu’à la ceinture ! Si la boue le recouvre complètement, il risque de connaître la Mort Ultime : pas par manque d’air, bien entendu, mais comprimé par la force irrésistible de cet esprit !

Baudri court d’une vitesse surnaturelle jusqu’à un tonneau plein d’eau, le saisit et le jette aux pieds du Cappadocien. Son idée est bonne, la terre se ramollit, et on peut sortir le prêtre de cette gangue. Le malheureux est inconscient, en torpeur. J’en conclus que le rituel est quelque peu compromis.

C’est alors que Valère d’Abbeville fouille dans le havresac de Venantius, à la recherche de quelque chose pour le requinquer. Il en sort une fiole qu’il débouche. Une forte odeur de sang imprègne alors toutes les narines, à tel point que je dois me concentrer pour ne pas directement saisir et vider la bouteille. Le chevalier la fourre dans la bouche du prêtre.

Venantius se lève d’un bond, avec un hurlement qui traduit la rage de sa Bête. Il court vers la forêt, déchaîné. Loki et Valère se lancent à sa poursuite. Je reste avec les autres pour faire un peu le ménage. J’en profite pour ramasser discrètement la fiole, restée par terre. Elle contient encore quelques résidus. Le sang qu’elle contenait était décidément très puissant. Du sang de Fée ? De Garou ? Ou encore autre chose ?

Quelques minutes plus tard, d’Abbeville revient, très inquiet. Il nous raconte alors une mésaventure pour le moins surprenante : ils ont rattrapé Venantius qui les attendait simplement. Le Cappadocien a fait un geste, et des entraves sont apparues de nulle part, attachant pieds et poings de mes deux camarades. D’une voix qui n’était pas du tout la sienne, Venantius a ricané, a remercié ses deux poursuivants avant de s’arracher le visage et de filer !

Baudri et Léothéric ne sont pas longs à résumer les implications de ces événements saugrenus : le sang contenu dans la fiole était vraisemblablement celui de Némésis, et son esprit corrompu a infecté celui du pauvre Venantius. Une fois dans un nouveau corps, l’ancien ennemi du Prince s’est appliqué à reprendre son apparence d’antan. Nous avons tous rejoint Loki, en train de traquer sa proie. Il piste les traces de… « Némésis » (je l’appellerai désormais ainsi, Venantius n’est sans doute plus) jusqu’à un endroit où l’herbe est écrasée comme s’il y avait eu lutte.

Nous conjuguons nos efforts pour retrouver le fuyard. Je trouve par terre un osselet, reste d’un petit animal. J’ai alors l’idée d’appliquer dessus le rituel de la Langue de Bois. Et c’est efficace : quelque chose a appelé tous les ossements d’animaux morts et enterrés aux alentours, le tourbillon d’ossements a emporté le ritualiste profondément dans le sol. Nous ne pourrons pas poursuivre plus avant notre ennemi.

La nuit n’est pas terminée, et nous décidons de mettre à profit les quelques heures qui nous restent pour traquer la Pythie. Une investigation dans un village au nord-ouest ne donne rien, hélas. Même si Loki parvient à s’entretenir avec un cheval, pas moyen.

L’horizon commence à s’éclaircir. Nous nous empressons de rentrer au bercail et de nous reposer. Je retourne dans ma boutique, et je fais alors quelque chose dont je ne mesure pas les conséquences dans l’instant : j’enferme dans une boîte solidement verrouillée la fiole vide trouvée dans les affaires de Venantius, avec un mot à l’attention de mon serviteur, celui qui tient ma boutique. Je lui donne l’ordre d’envoyer au plus vite le paquet à la Fondation du Cœur Ardent, à Delphes, afin que vous puissiez l’étudier.

*

Le bruit du marteau de fer frappant le bois de la porte d’entrée de mon échoppe me réveille. La nuit est tombée. C’est un serviteur du château qui vient me chercher, sur ordre de Baudri du Clan Brujah. Une fois en compagnie des cinq autres Caïnites de notre Coterie, la vérité éclate, plus mordante que les crocs d’un fauve affamé : Artémon du Clan Malkavien, le scribe personnel du Prince d’Angerieux, a définitivement quitté cette terre. Il s’est assis à une chaise près de la fenêtre de son bureau, et a attendu le lever du soleil, qui l’a bien évidemment réduit en cendres.

Comment ? Pourquoi ? Même le plus inconscient des Infants de Caïn sait que les rayons du soleil constituent le plus mortel des dangers, et a le réflexe de s’en éloigner au plus vite. Il est temps de tirer cette affaire au clair. Nous nous rendons dans la chambre du scribe. Je pose ma main sur la chaise, et fais appel à la Langue de Bois pour comprendre ce qui s’est passé. L’expérience marche un peu moins bien qu’avec le drap, mais je perçois quelque chose : une conversation calme entre deux personnes dont celle qui se trouve sur la chaise. Soudain, un cri bref, mais fort. Puis la chaise se sent allégée d’un poids.

Léothéric utilise à son tour la Langue de Bois pour interroger de la même façon la table. La vision qu’il en tire est un peu plus claire : en milieu d’après-midi, un individu encapuchonné entre dans la chambre où repose Artémon. Il le réveille. L’autre, surpris, ne semble cependant pas trop indisposé. L’individu masqué chuchote quelque chose à l’oreille du Malkavien. Celui-ci se lève, prend place docilement sur la chaise, et se disperse en cendres quand l’autre ouvre les volets.

Deux solutions à cette énigme nous viennent à l’esprit : ou bien il a été hypnotisé, peut-être sous la Domination, ou bien il a appris quelque chose qui l’a poussé à se laisser détruire par le soleil. Suicide ? Je crois qu’il n’était pas assez pieux pour éviter de provoquer la colère de Dieu, qui interdit de mettre délibérément fin à ses jours, même aux damnés Infants de Caïn qui suivraient Sa parole.

Baudri nous montre alors quelque chose sur le bureau : Artémon avait l’habitude de prendre en note de manière compulsive tout ce qu’il vivait, minute par minute. La dernière entrée de son cahier est « Le jour se lève, je vais me reposer ». Il n’a donc pas pris le temps de prendre en note la visite de ce mystérieux interlocuteur.

La démonstration de Léothéric me rappelle qu’il connaît les secrets du Clan Tremere, et son attitude continue à m’exaspérer. Je décide de mettre les choses au clair avec lui devant les autres : « Nous sommes du même Clan, nous avons intérêt à ne pas nous mettre en concurrence ! » Il ricane. Quand je lui demande ce qu’en penserait le responsable de sa fondation, il se contente de hausser les épaules en répliquant qu’il est son propre maître. Bien ! Un Caïnite avec des pouvoirs de Tremere qui se vante de ne pas être en conformité avec nos principes de hiérarchie ! Soit c’est un traître qui déshonore le Clan Tremere, soit c’est un voyou qui en a volé les secrets.

Mais les autres – et je les comprends – ne sont guère plus indisposés que ça par la situation, préférant rester concentrés sur l’enquête. Baudri suggère à Léothéric d’interroger les volets pour avoir des précisions sur l’apparence de la personne ayant ouvert la fenêtre. La Langue de Bois chuchote à notre camarade la vérité, comme un secret malsain : l’individu qui a réussi à pénétrer dans la chambre d’Artémon avait un foulard qui recouvrait son nez, sa bouche et son menton, mais les yeux et le front étaient dépourvus de peau, comme si on l’avait arrachée. Venantius… en tout cas, l’esprit malin qui anime sa carcasse. Pour avoir infiltré le château en plein jour, bravant le plus mortel des ennemis des Caïnites, et réglé son compte au scribe, il est vraiment très fort !

Il est temps d’agir. Sire Thibault, Léothéric et Baudri partent à Montbrezon faire leur rapport auprès du sénéchal, Roland de Sury. Loki souhaite rencontrer quelqu’un de particulier : l’autorité la plus puissante dans les milieux ténébreux et insalubres où le Prince d’Angerieux peine à se rendre est un ancien Vampire du Clan Nosferatu. Il se fait appeler le « Vénérable ». Valère d’Abbeville le suit, et je décide de les accompagner. Ces deux-là me déplaisent moins que le croisé fanatique et le traître potentiel. En outre, je n’ai pas encore rencontré de Nosferatu, et l’expérience promet d’être intéressante.

Le Vénérable a son repaire dans une mine de fer. L’entrée est gardée par des personnes encagoulées qui nous invitent à descendre, l’un d’eux ouvrant la marche. Nous parcourons d’abord les galeries conventionnelles, puis notre guide nous montre un boyau dissimulé dans un recoin plus sombre. Au bout d’une trentaine de mètres environ, nous arrivons dans une immense salle circulaire, haute de plafond, partiellement éclairée par les rayons de la lune qui filtrent à travers quelques petites crevasses.

Un grand silence nous étouffe. Le bruit de gouttes d’eau sur le calcaire fait écho, le vent souffle légèrement à mes oreilles, et j’entends le léger froissement d’aile d’une chauve-souris. Tant de petites choses qui finissent de donner un aspect irréel au spectacle qui se tient devant nous, au centre de cette caverne, et qui mobilise immédiatement toute mon attention. Je pensais m’être préparée au pire, mais rien ne pouvait me permettre d’anticiper ça.

Le cœur du domaine du Vénérable est là : un immense trône de pierre dans lequel des statues de squelettes, de rats, de gargouilles ont été sculptées avec une précision à la fois stupéfiante et morbide. Mais le plus déroutant est l’être qui se trouve assis dessus. Mon maître, vous m’expliquâtes que les Infants d’Absimiliard étaient tous frappés d’une malédiction déformant monstrueusement leur corps, révélant au grand jour leur Bête. Mais je ne pourrai décrire cette figure au visage complètement dissimulé par un lourd capuchon. Je devine cependant une stature particulièrement musclée, serrée dans des vêtements de cuir renforcé par-dessus sa robe noire. Un lourd crucifix pend à la corde qui lui sert de ceinture, et à la portée de sa délicate main gantée, une lourde hache de bourreau qui semble aiguisée au point de couper net en deux un moucheron qui se poserait sur son tranchant.

Il ne dit pas un mot, se contente de faire un petit geste engageant vers nous. Valère d’Abbeville reste imperturbable. Souriant, il prend l’initiative de se présenter, et de nous présenter ensuite. Puis il raconte au Vénérable la fin d’Artémon, et ce qui est arrivé à Venantius. Valère ne sait pas quoi dire au sujet de la fuite du Cappadocien. C’est alors que je me permets d’intervenir : tâchant de ne pas bredouiller devant cet individu si impressionnant, je lui raconte l’expérience que j’ai vécue avec l’osselet, et donc le moyen qu’a trouvé le fuyard pour nous échapper.

Le Vénérable fait un geste de la main. Nous entendons alors un petit bruit de grattement, et les couinements caractéristiques d’un rat. Le petit rongeur sort d’un trou et court vers le trône. Puis un deuxième approche, suivi d’une demi-douzaine. En quelques instants, ce sont des milliers de rats qui sont massés aux pieds du Nosferatu. Il lève un doigt, et aussitôt tous les rats se taisent. Il tend une main gantée, laisse un rat s’installer sur sa paume, et le porte jusque devant son visage. Des ténèbres sous la capuche s’échappent quelques sifflements, des cliquètements et des grincements. Il repose le rongeur sur le sol, et tous les rats se dispersent, quittant la salle en moins d’une dizaine de secondes.

Une voix caverneuse, grave comme la langue de bronze du clocher d’une cathédrale, murmure : « Voilà. Si Venantius, ou quelle que soit son identité, a le culot de pénétrer dans ma mine, je le saurai immédiatement. Et lui n’aura pas le temps de le regretter. »

La conversation reprend, cette fois dans les deux sens. Le Nosferatu n’était pas au courant pour cette fâcheuse « réincarnation ». En revanche, l’histoire de la fiole lui rappelle sa propre histoire, qu’il consent à nous raconter.

Némésis du Clan Cappadocien régnait sans partage dans le périmètre qu’on appelle aujourd’hui le « Forez » depuis des centaines d’années. C’était un vrai démon, terrible, impitoyable et tyrannique, dont la noirceur finissait par déteindre sur le peuple, la faune et la flore. Une nuit, il y a environ une cinquantaine d’années, trois Caïnites ont décidé qu’il était temps de passer à autre chose : Landre d’Angerieux du Clan Toréador, le Druide du Clan Gangrel et le Vénérable du Clan Nosferatu. Les trois Vampires ont affronté le Cappadocien à tour de rôle. Le Vénérable a été le premier à se battre. Némésis était un adversaire redoutable, et a mis hors de combat le Nosferatu. Le Vénérable n’a pas assisté au reste du combat. Quand il a repris ses esprits, il a vu Landre d’Angerieux, triomphant, l’épée levée au-dessus de la dépouille massacrée de Némésis.

Au terme de cette effroyable nuit, les trois Caïnites ont forgé un pacte par le sang. Chacun d’eux a placé un peu de sa vitae dans une bouteille, ainsi que le sang de Némésis, et les quatre fioles ont été rangées dans une boîte scellée par un certain Ezio du Clan Tremere, qui a supervisé l’affaire. La cassette se trouverait dans un lieu connu du Prince Toréador seulement. Et pourtant… cette fiole n’a pas pu atterrir toute seule dans le havresac de Venantius !

Loki demande alors au Vénérable de nous révéler ce qu’il sait de Némésis. Le Nosferatu nous parle alors du mortel qui allait hanter le Forez. Avant de connaître l’Étreinte, Némésis était un chamane gaulois d’un culte païen d’origine celte. Lorsque les Romains sont arrivés en Gaule et ont imposé leur mode de vie, ils ont capturé le druide, l’ont écorché vif et l’ont laissé crever dans la forêt. Mais le passage d’un Caïnite a fait basculer la situation. Quelques nuits plus tard, le centurion de la garnison locale a eu la terreur de sa vie en voyant revenir sa victime, dépecée, mais bien debout, une lueur de rage folle dans les yeux. La créature a alors massacré toute la garnison avant d’arracher les organes du centurion. Némésis a pris le contrôle de la région en moins d’un an. Il n’est cependant pas sûr qu’il soit un Cappadocien. Certes, il connaît la Nécromancie, ce qui implique d’avoir été Étreint par un Cappadocien. Mais peut-être qu’il a volé ce secret ? Peut-être qu’il a été changé en Vampire par un apostat au Clan ? À moins qu’il ne soit lui-même un traître ? Quoi qu’il en soit, le Clan Cappadocien le rejette. Aujourd’hui, après cent cinquante années d’absence, le pouvoir de sa vitae s’est grandement affaibli, mais plus nous laisserons le temps passer, plus il se fortifiera, plus il sera difficile de l’arrêter.

Je me permets alors de prendre la parole pour demander au Nosferatu s’il a quelque chose à nous dire au sujet des Baalis. Il nous conseille de nous adresser aux Vampires du Clan Ravnos. Comme nous, les Tremeres, ils sont considérés comme un bas Clan. Comme nous, ils ont bien plus de ressources que les Clans nobles soupçonnent. Contrairement à nous, ils dilapident leur patrimoine. Mais ils sont très attachés aux superstitions, aux prophéties et aux folklores. Nous devrions aller voir la communauté gitane du coin, ils auraient peut-être quelque chose à nous apprendre sur la Pythie. Quant aux Baalis eux-mêmes, ils raffolent des lieux de cultes chrétiens abandonnés afin de mieux les profaner.

Le Vénérable nous dit qu’il n’a rien de plus à nous apprendre pour le moment, mais nous assure de son soutien en cas de besoin, à condition qu’on continue à le respecter. Avant qu’on ne prenne congé de lui, il nous donne un dernier conseil : il connaissait suffisamment Artémon pour être au fait de ses petites manies et de la complexité de son esprit tourmenté. Il avait des notes sur tout et sur absolument tout le monde dans ses cahiers. Or, soucieux de garder pour lui les choses les plus inavouables, il avait pris l’habitude de coucher sur des feuilles volantes les secrets compromettants les plus brûlants. Trouver ces notes serait sans doute très constructif. Mais où ? Dans ses appartements ? Non, Artémon avait l’habitude de se rendre dans une petite abbaye en particulier. Peut-être qu’il ne se contentait pas d’y laisser le poids de ses péchés au terme d’une confession ? Le Nosferatu conclut par une thèse qui ne nous était pas venue à l’idée : si le Malkavien s’est laissé brûler au soleil sans avoir pris note de sa visite nocturne, c’est parce que, pour la première et dernière fois de sa non-vie, il était serein. Les mots de Venantius/Némésis auraient apaisé son esprit tourmenté, et ayant enfin la satisfaction d’avoir résolu tous ses problèmes, Artémon aurait accueilli la Mort Ultime à bras ouverts. Ces Malkaviens…

C’est sur cette réflexion que je regagne mon laboratoire pour me reposer.

*

La lune est haute dans le ciel printanier quand je sors de mon petit repaire. Je sens qu’elle présage une nuit plutôt lourde en événements. Et j’en aurai rapidement la confirmation quand je retrouve la Coterie au complet devant le sénéchal Roland de Sury. Il a l’air encore moins jovial que d’habitude.

Le serviteur de Valère d’Abbeville, resté en retrait, a quelque chose de changé, mais je n’arrive pas à définir quoi. Le chevalier explique discrètement, mais non sans une certaine fierté qui fait briller ses yeux bleus, qu’il a « corrigé les défauts » de sa goule. Un seul Clan est capable de faire ça : le Clan Tzimisce, les seigneurs des montagnes de l’Est qui pratiquent l’art étrange du remodelage de la chair. Ce Clan, vous me l’avez appris, est perpétuellement en lutte contre le nôtre. Je devrais par conséquent m’éloigner de lui le plus possible, mais je n’en fais rien. En effet, ce n’est pas pour autant que mon opinion à son sujet se dégrade. Jusqu’à présent il a toujours été correct, et ne me paraît pas être un fanatique prêt à transformer en horreur tout ce qu’il touche… ou alors, c’est un fieffé coquin manipulateur ! Le fait qu’il soit bien français, avec un nom du pays et aucun accent des royaumes de l’Est, confortent mon opinion en ce sens.

Le sénéchal nous explique qu’il est las du laxisme du Prince d’Angerieux, et qu’il va remettre de l’ordre. Il exige d’abord qu’on lui remette la fiole de sang trouvée sur Venantius. C’est là que j’avoue mon initiative. Certains membres de ma Coterie ricanent, d’autres soupirent d’exaspération, et pas un ne me soutient ouvertement. En même temps, je ne peux pas leur en vouloir. Furieux, Sire Roland est clair : d’une manière ou d’une autre, la fiole doit être entre ses mains la nuit suivante. Le contraire risquerait de m’être vraiment préjudiciable.

Je n’ai alors rien répondu, mais pas par peur pour ma peau. Je n’ai pas peur de ce Ventrue. Je sais que s’il me fait quoi que ce soit sans votre approbation, il y aura dix Tremeres qui viendront lui demander des comptes. Le problème est qu’il peut avoir raison : j’aurais dû en référer à lui avant de prendre cette initiative. Ce qui me fait peur, c’est la réputation du Clan Tremere qui pourrait en souffrir par ma faute ! D’un autre côté, j’ai prêté serment auprès du Prince Landre d’Angerieux, pas de Sire Roland.

Je maudis tout ce qui s’est passé la nuit précédente autour de Venantius. Mais comment ce petit Cappadocien s’est retrouvé avec une fiole du sang de Némésis ? Et comment Némésis a-t-il pu commencer à semer la zizanie sur le domaine avant d’être dans le corps de Venantius ? C’est vrai, les ennuis ont commencé avant même notre arrivée – souvenez-vous du témoignage du Père Sébastien, aux ouailles hérétiques. Quelqu’un d’autre avait-il déjà goûté au sang maudit et corrupteur ?

Fort heureusement, Roland de Sury a d’autres priorités. Il nous annonce que l’Abbé Séverin s’est rendu coupable de trahison, en se livrant à des expériences secrètes vraisemblablement hérétiques qui ne seraient pas étrangères au retour de Némésis. Je n’ai pas retenu les détails, mais la nouvelle m’enchante. Si on le mène au bûcher, cette fois, je serai au premier rang ! Roland de Sury insiste sur le fait de remettre de l’ordre dans « son » comté.

Valère d’Abbeville s’inquiète à voix haute pour les trois fioles restantes. Roland de Sury n’en a cure, et nous ordonne de nous rendre au prieuré de Pommiers-en-Forêt, là où habite l’Abbé Séverin. Sire Revan de Saint-Esteve dit « Le Pieux » nous accompagnera. Déjà armé de pied en cap, il est impatient d’en découdre. Avant de partir, toutefois, je prends quelques minutes pour tenter de réparer mon erreur et sauver ma peau : j’écris un lettre à Héloïse, votre Infante et ma Dame, dans laquelle je lui explique brièvement la situation, et lui implore de renvoyer la fiole au plus vite. Puis nous partons traquer l’hérétique.

Après une brève chevauchée, nous nous retrouvons devant le prieuré de Pommiers-en-Forêt. Cet établissement est géré par les moines de l’ordre de Saint-Benoît. Sire Revan enfonce la porte avec un grand cri de rage, mais aucune réaction ne répond à cette violence. Dans la cour, on ne voit personne, et on n’entend personne, non plus. Sire Revan continue ses provocations, tout en faisant des moulinets avec son épée. Il règne toujours un silence de mort, simplement perturbé par le bruit des gouttes de pluie qui s’écrasent sur les heaumes des combattants.

Soudain, Léothéric se jette à terre, évitant de justesse un carreau d’arbalète. Je sens une pointe d’acier me percer le flanc. Heureusement, étant une Caïnite, je n’en sens qu’une douleur minime. Je dois cependant prendre le temps de retirer le projectile. Le Pieux se précipite dans le bâtiment, nous restons sur ses talons. À l’intérieur, nous nous retrouvons dans un long couloir, décoré de statues de pierre représentant des anges armés d’épées de part et d’autre du chemin. Sire Revan est à l’arrêt, devant un phénomène particulièrement déstabilisant : c’est une sorte de nuage noir comme de l’encre, à la consistance à mi-chemin entre la brume et le mercure, avec des volutes plus épaisses qui apparaissent de temps à autre. Je reconnais immédiatement l’utilisation de la discipline de l’Obténébration, propre aux Infants de Lasombra. Séverin est bien face à nous !

Sire Revan se jette en avant avec un cri de guerre. Léothéric fait alors de grands gestes. Un raclement retentit, et trois des statues d’ange descendent lentement de leur socle pour se jeter dans cette purée de pois. Des crissements, des bruits d’éclatement et quelques morceaux de statue catapultés hors du brouillard ténébreux me laissent à penser que si l’idée était bonne, le résultat n’en a pas été satisfaisant. Les ténèbres s’engagent de plus en plus dans le couloir. La discipline d’Auspex me permettra de ne pas être trop déroutée. On n’entend plus Sire Revan, à mon avis, il a déjà été taillé en pièces. Quelque chose est éjecté du nuage et s’abat sur les pavés de pierre dans un grand fracas métallique : le bouclier du Pieux.

La voix du chevalier retentit à travers le nuage. Cela nous donne un coup de fouet. Léothéric anime trois autres statues, tandis que Loki sort ses griffes et fonce en avant. Valère d’Abbeville, Thibault et Baudri se lancent à leur tour. Je les suis à tâtons. Nous arrivons sans trop d’encombre dans la chambre de l’Abbé Séverin. Les ombres et la brume se dissipent peu à peu, mais aucune trace de l’Abbé. Frustré, le Pieux renverse toutes les pièces du mobilier à la recherche de quoi que ce soit pour nous aider. Il finira par dévoiler un escalier caché derrière une tapisserie, qui mène à la cour. J’entends alors la voix suave de Valère. Le Tzimisce murmure une formule dans une langue que je n’entends point. Une sorte d’incantation ? Un rituel ? Quelque chose qui lui permet de révéler un tunnel souterrain, dans lequel il s’engage, moi à sa suite.

Le passage secret mène à une petite chambre pleine de documents rédigés en italien. Je ne sais pas parler cette langue, mais je connais un rituel qui me permettrait de traduire n’importe quelle langue, à condition d’y consacrer beaucoup de temps. Je ramasse donc les documents et les fourre dans ma sacoche. Quand nous remontons, nous voyons que les autres ont capturé un moine. Et nous voyons, sur le pas de la porte principale, l’Abbé Séverin, un sourire goguenard aux lèvres. Le temps de nous lancer une dernière pique, il disparait complètement dans un nuage de fumée. Le Pieux crie de rage, mais est bien obligé d’accepter les choses.

Quand nous faisons notre rapport au sénéchal, celui-ci déboîte la mâchoire de Sire Revan d’un coup de poing. Dents serrées, canines apparentes, yeux brûlants, il ordonne la soumission à l’interrogatoire de notre prisonnier monacal. Puis il nous annonce une nouvelle fort peu réjouissante : une missive du Prince d’Angerieux lui est parvenue, dans laquelle il annonce la venue de quelqu’un pour seconder le sénéchal. Cette personne est sa propre Infante, « Elle » du Clan Toréador. « Elle » a la réputation d’être une belle femme, mais d’avoir la beauté du Diable. Bien plus expéditive que son Sire, elle est du genre à faire les choses en grand. Sa dernière intervention a laissé un souvenir impérissable : envoyée pour éliminer une dizaine de Cathares, elle n’a pas hésité à incendier une quinzaine de villages pour ça.

Mes camarades de Coterie disposent chacun de leur côté, sur ces entrefaites. Quant à moi, je me retire dans mon laboratoire. Préparer quelques potions et cataplasmes me permet d’oublier en partie la situation périlleuse dans laquelle mon initiative m’a embourbée.

J’espère sincèrement pouvoir récupérer la fiole et la rendre au sénéchal. Mon Clan importe plus que ma vie, mais je vous avoue que je redoute la Mort Ultime. Je me soumettrai à votre jugement. Si vous estimez que je mérite un châtiment, je l’accepterai, quel qu’il soit. S’il reste en vous un soupçon de confiance à mon égard, je ferai tout pour l’entretenir et rattraper cette erreur. Quoi qu’il en soit, ma fidélité au Clan Tremere ne sera jamais altérée par qui ou quoi que ce soit !
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Message par altamaros Mer 20 Déc 2017 - 9:51

SPX Spécial a écrit:Il est temps d’agir. Sire Thibault, Léothéric et Baudri partent à Montbrezon faire leur rapport auprès du sénéchal, Roland de Sury. Loki souhaite rencontrer quelqu’un de particulier : l’autorité la plus puissante dans les milieux ténébreux et insalubres où le Prince d’Angerieux peine à se rendre est un ancien Vampire du Clan Nosferatu. Il se fait appeler le « Vénérable ». Valère d’Abbeville le suit, et je décide de les accompagner. Ces deux-là me déplaisent moins que le croisé fanatique et le traître potentiel. En outre, je n’ai pas encore rencontré de Nosferatu, et l’expérience promet d’être intéressante.
je crois que c'est Valère qui a voulu rencontrer le Vénérable.

SPX Spécial a écrit:Le serviteur de Valère d’Abbeville, resté en retrait, a quelque chose de changé, mais je n’arrive pas à définir quoi. Le chevalier explique discrètement, mais non sans une certaine fierté qui fait briller ses yeux bleus, qu’il a « corrigé les défauts » de sa goule. Un seul Clan est capable de faire ça : le Clan Tzimisce, les seigneurs des montagnes de l’Est qui pratiquent l’art étrange du remodelage de la chair. Ce Clan, vous me l’avez appris, est perpétuellement en lutte contre le nôtre. Je devrais par conséquent m’éloigner de lui le plus possible, mais je n’en fais rien. En effet, ce n’est pas pour autant que mon opinion à son sujet se dégrade. Jusqu’à présent il a toujours été correct, et ne me paraît pas être un fanatique prêt à transformer en horreur tout ce qu’il touche… ou alors, c’est un fieffé coquin manipulateur ! Le fait qu’il soit bien français, avec un nom du pays et aucun accent des royaumes de l’Est, confortent mon opinion en ce sens.
Alors non pour deux choses :
1° mon serviteur peut apparaître changé : ok, c'est l'objectif de mon travail mais en aucun cas je ne dirais à qui que ce soit que j'ai "corrigé ses défauts". Au plus, je vous dirais que vous vous faites des idées ou que mon serviteur gagne en prestance de par ma fréquentation. Valère s'abstient soigneusement de faire quoi que ce soit qui puisse révéler son appartenance de clan vu qu'il y a très peu de Tzimisce dans le coin et que ça risquerait de l'isoler.

Par contre, vous m'avez entendu marmonner et incanter donc à voir avec le Mj si tu peux identifier ça comme de la magie et en prime comme de la magie koldunique.

2° Valère n'a aucune envie que sa goule se fasse dominer ou influencer ou autre truc du genre (c'est SA goule), donc il tient Valentin à l'écart des autres vampires, la coterie y compris. Donc je ne pense pas qu'il ait été là lors de l'audience avec St Esteve.

Et un dernier point :


SPX Spécial a écrit:ou alors, c’est un fieffé coquin manipulateur !
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Message par SPX Spécial Mer 20 Déc 2017 - 10:15

Ben alors, où est passé ton sens de l'humour ?

Laughing

Sérieusement, je rappelle qu'effectivement, j'écris ces courriers avec l'idée qu'ils seront lus par les autres. Ce qui signifie que certaines réflexions personnelles ou idées restent à l'intérieur du cerveau de Bérénice et ne seront pas couchées sur le papier.

Bérénice n'a pas arrêté de dire "Valère a l'air réglo", "Son nom et son manque d'accent prouvent que ce n'est pas un type qui vient des provinces de l'Est infestées par les Tzimisces les plus infâmes"... on peut se permettre une petite pointe ironique !

(Bon sang, pendant que j'écris ce message, j'ai Heath Ledger qui me fait mal aux yeux à force de clignoter et de taper dans ses mains. Je ne te remercie pas ! Wink )

Pour ce qui est des autres remarques, je comprends tout à fait. Cette partie a été très riche, et je n'ai pas bien retenu tous les détails. Je repense aussi à Sire Thibault, je pense quand même qu'il a fait un peu plus de choses que ce qui est décrit ici, non ?
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Message par altamaros Mer 20 Déc 2017 - 10:18

ah mais je rigole beaucoup Very Happy
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Récits de la Coterie du Forez Empty Troisième missive de Bérénice du Clan Tremere

Message par SPX Spécial Mer 13 Juin 2018 - 22:42

À l’attention de Maître Alexandro de la Fondation du Cœur Ardent de Delphes

Mon Maître,

Je viens de m’apercevoir que j’avais oublié de préciser quelque chose, au cours de ma dernière missive : un nom en particulier revient régulièrement : Ezio du Clan Tremere. Tiens, tiens… Celui qui a scellé la boîte aux fioles ? Remarquez, vu tout ce qui arrive en ce moment, ma distraction s’explique au moins en partie. En effet, nous vivons des heures pour le moins mouvementées.

Quand j’ouvre les yeux, je suis de mauvaise humeur. Entre les menaces de Roland de Sury et la faim qui me tenaille, la nuit est mal partie. Et ce n’est qu’un début. En effet, une agitation s’est emparée du château tout entier. Une troupe de soldats forte de plus d’une centaine d’individus est en arrêt devant le domaine. Je n’en ai cure, cependant, je prie pour qu’un paquet m’attende au laboratoire. Et ma prière est exaucée, il y a effectivement une boîte avec la fiole à l’intérieur sur mon bureau. Soulagement ! Je vais chercher aussitôt l’une des goules personnelles de sire Roland de Sury. Je lui intime de ne remettre la boîte qu’à Roland, et personne d’autre, en lui signifiant qu’un résultat autre que « Roland de Sury a la boîte au plus vite » serait considéré comme de sa responsabilité. Pas le temps d’être gentille, je reste supérieure à cette goule, et c’est ma tête qui est dans cette boîte !

Une fois cette course faite, je tâche de me rendre à mon tour sur le rempart pour voir de mes yeux cette histoire d’hommes d’armes. Et effectivement, il y a une impressionnante troupe armée à nos pieds. Un homme en particulier s’avance, à cheval. Il porte une bannière représentant une croix blanche autour de laquelle est enroulée une rose, sur fond noir. L’homme en armes nous ordonne d’ouvrir. Il se présente comme étant Sire Friedrich Kaiser de l’Ordre de la Rose Écarlate, le tout avec un fort accent allemand. Baudri le forgeron nous chuchote que cet ordre a été fondé à Paris, et se serait spécialisé dans la chasse au païen.

Kaiser entre en grandes pompes. Il précise qu’il est un serviteur de la Comtesse Adélaïde, la nouvelle autorité en place, et demande qui est en charge du domaine. Messires Valère et Thibault s’avancent. Le discours que leur fait le nouveau venu confirme mes premiers soupçons : nous avons affaire à un nouveau serviteur zélé du Seigneur.

Kaiser nous montre un document officiel stipulant que la Comtesse Adélaïde, Infante du Prince Landre d’Angerieux, est désormais la nouvelle régente du domaine, son Sire étant manifestement destitué de ses fonctions par qui de droit. Je demande timidement la raison de ce changement, Kaiser me répond que le Toréador est accusé d’incompétence, considérée à son niveau comme de la trahison. Kaiser a été nommé sénéchal, et désigne Thibault comme le nouveau capitaine. Qui se ressemble s’assemble, dit le proverbe.

Toute l’assemblée refait la décoration aux couleurs de l’Ordre de la Rose Écarlate, en prévision de l’arrivée imminente de la Comtesse. Au passage, j’apprends enfin une bonne nouvelle. Roland de Sury a été également déclaré traître, et est recherché. Je ne me fais pas d’illusion sur cette possibilité, mais j’aimerais beaucoup pouvoir profiter de l’occasion pour offrir à cette Comtesse un cadeau digne d’elle, comme une nouvelle Gargouille.

Avant l’arrivée de la Comtesse, Thibault fait un discours édifiant sur la persévérance, le courage et la droiture. De mon côté, je retrouve le serviteur et lui demande de ramener la fiole, avec mes excuses. Après tout, je doute que Roland de Sury s’y intéresse, à présent.

Enfin, la Comtesse Adélaïde du Clan Toréador fait son arrivée. Parée de ma plus belle robe, je suis subjuguée par cette jeune femme d’une beauté indescriptible. Landre d’Angerieux sait choisir sa descendance avec beaucoup de goût ! Tant de majesté se dégage de cette Fille de la Nuit, on croirait la voir flotter plus que marcher. Même ses dames de compagnie, pourtant ravissantes, paraissent plus fades que des natures mortes. Baudri semble moins sensible, ou en tout cas il ne le montre pas d’une manière appropriée, il tousse bruyamment. Kaiser ordonne alors avec fureur la mise à genoux générale. J’obéis immédiatement. Valère murmure auprès de la Comtesse des excuses pour le forgeron.

La Comtesse appelle alors Thibault, et lui demande de présenter « ses gueux ». J’ai l’impression qu’elle veut imposer une discipline de fer en définissant clairement la place de chacun. Nous nous présentons l’un après l’autre, Kaiser en profite pour glisser une petite pique à mon égard.

Sire Revan de Saint-Estève entre dans la salle du trône, et se présente à son tour, genou à terre. Il demande la permission de gérer le prieuré de l’abbé Séverin, à Pommiers-en-Forêt. Sire Thibault s’y oppose fermement, refusant de voir les templiers s’installer si près. La Comtesse n’apprécie pas cette contestation. Thibault se justifie, craignant de voir des pions de l’abbé Séverin parmi les templiers restants. Avec la permission d’Adélaïde, Revan choisit cinq gardes.

J’entends alors un tout petit bruit. Des rats. L’image de l’impressionnante créature dans sa caverne me vient immédiatement en tête. Et la suite me donne raison : bientôt toute une masse de rats se bouscule au milieu de la pièce, sous les cris épouvantés. Les rongeurs se rassemblent tous pour créer une forme de plus en plus humanoïde. En un éclair, l’imposante silhouette encapuchonnée du Vénérable du Clan Nosferatu. Celui-ci s’agenouille difficilement devant la Comtesse. Sa voix de stentor résonne alors qu’il se présente poliment. Il ôte sa capuche, révélant un visage passablement regardable, pas du tout aussi épouvantable que je pensais. En même temps, les Nosferatus sont connus pour être capables de tromper les sens des autres, notamment sur leur apparence. Enfin, après un dernier salut, il disparaît de la même façon qu’il est apparu. Il a le sens du spectacle pour un Nosferatu !

Le père Sébastien, à moitié mort de peur, souhaite se présenter lui aussi, mais est rapidement éconduit par l’un des soldats.

Sire Kaiser redéfinit publiquement les rôles.

- Il s’approprie le titre de Sénéchal.
- Thibault devient le Gardien de l’Elysium
- Valère d’Abbeville est nommé Prévôt

La Comtesse ordonne qu’on retrouve Roland de Sury. Elle suggère à Valère d’avoir un « chien » pour l’aider dans ses recherches. Loki, se sentant visé par l’insulte, répond calmement mais fermement. Adélaïde lui ordonne de s’agenouiller, ce qu’il refuse. C’est à ce moment-là que le serviteur de Sury m’apporte la boîte avec la fiole dedans, devant tout le monde ! Heureusement que Valère détourne l’attention de la Comtesse. Elle nous ordonne de ramener le Ventrue en cavale.

Une fois cette première entrevue terminée, j’invite tous mes camarades de Coterie à se rassembler dans mon laboratoire. Je retrouve Valère, Thibault et Loki. Je leur présente la fiole en disant : « Voilà ! Je l’ai récupérée, maintenant il faut me dire ce que je dois en faire ! » Valère la porte à son nez, et annonce que le sang à l’intérieur est du sang de bœuf. Une fois de plus, j’ai été doublée, une fois de plus, je me sens ridiculisée devant tout le monde ! La Bête s’agite fermement en moi, fort heureusement je parviens à la maîtriser.

Gardant mon calme et mon professionnalisme, je me concentre pour écouter ce que la fiole pourrait m’apprendre. Les images se succèdent, les sons résonnent à mes oreilles, et je distingue ce qui s’est passé.

Le serviteur est dans la campagne, sur un chemin. Le soleil brille, les oiseaux chantent, on est en plein jour. Soudain, quelqu’un frappe par derrière le mortel qui s’effondre, lâchant son précieux butin. Un étrange personnage approche de la boîte. Il est très grand, filiforme, habillé de couleurs sombres. Un masque dissimule son visage, mais on distingue des yeux bleus étincelants. Il ouvre la boîte, en sort la fiole, et la remplace par celle qui vient de me ridiculiser publiquement.

J’ouvre brutalement les yeux en entendant des cris terrifiés. La Comtesse doit être en train de s’amuser à sa façon. Valère d’Abbeville court la rejoindre, la suite m’est indifférente. Quoi qu’il en soit, j’ai une piste, aussi faible soit-elle. Je demande à Loki s’il pourrait pister l’odeur de l’individu sur la fiole. Il ne prend pas la peine de me répondre, se contente de me jeter un bref regard méprisant.

Baudri vient alors me chercher. Apparemment, les gens d’armes de la Comtesse sont partis à la chasse aux Gitans. D’après le forgeron, mes talents de thaumaturgie pourraient être utiles. Valère et Thibault sont déjà partis, quant à Loki, il est parti de son côté se nourrir. Je pars donc avec Léothéric et Baudri. Nous arrivons au camp de Gitans, où le Tzimisce et le Ventrue sont déjà sur place. Valère, Thibault et Léothéric partent traquer Roland de Sury.

Sire Kaiser mène l’assaut sur le camp. Ses hommes boutent le feu au camp, et massacrent tous les fuyards, hommes, femmes et enfants. Quel gâchis ! Encore un carnage d’innocents fait au nom de ce Dieu d’Amour et de Paix. Au bout de longues minutes de cris et d’éviscérations, sur les quarante personnes qui peuplaient le camp, il n’en reste plus que trois : un couple et leur petite fille. L’homme est le dirigeant du camp. Ils sont emmenés pour interrogatoire. Je le vois venir gros comme une maison… Écœurée, je ne manque pas de lancer une pique à Kaiser sur « tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Bien entendu, le Brujah rétorque que ça ne s’applique pas aux Gitans. Quelle étonnante surprise…

Valère et Thibault nous rejoignent, sans Roland de Sury. En revanche, ils ont ramené le cadavre d’un messager de la Comtesse, sans doute celui envoyé pour annoncer son arrestation. Les deux Caïnites ajoutent qu’ils ont rencontré une Pythie au passage. Là-dessus, sire Kaiser passe sa colère sur le corps inerte du messager qu’il déchire en morceaux devant nous. L’horizon rosit au loin, il est temps de retourner à Montrond-le-Fort.

*

La nuit tombe de nouveau sur le Forez. Nous sommes tous présents, sauf Loki. La Comtesse Adélaïde semble de mauvaise humeur. Elle nous reproche la fuite de Roland de Sury. La température descend davantage quand sire Thibault sous-entend qu’elle ne nous a pas donné suffisamment de moyens. Valère d’Abbeville rajoute une petite pique qui lui vaut l’ordre de débarrasser le plancher.

Sire Kaiser fait alors entrer les trois Gitans capturés la veille. Le Brujah menace l’homme d’arracher les bras de son enfant pour le faire parler. Ce brave Chrétien est pire qu’un animal sauvage. L’homme, terrifié, avoue qu’une certaine Eva dirigeait un petit groupe formé au larcin, groupe parti à Montbrezon la veille. Baudri fait allusion à la Pythie. Cela n’évoque rien au père, en revanche sa fille dit avoir déjà vu une vieille femme en haillons aller et venir dans la roulotte d’Eva.

Le verdict tombe : les parents vont être pendus, et la Comtesse compte garder la petite pour « jouer avec ». Je suis une Caïnite, et de ce fait supérieure aux mortels, leur sort devrait m’être aussi indifférent que celui du gibier dont je me nourrissais avant ma mort, mais je tiens à garder une petite part de conscience afin de ne pas laisser la Bête me guider. Et maintenant, je m’en félicite quand je vois jusqu’où la Bête peut nous emmener. Autant Roland de Sury était un chefaillon arrogant, autant ces gens-là sont de vrais monstres. J’ai du mal à croire que Landre d’Angerieux ait choisi délibérément d’Étreindre une personne comme la Comtesse, et de la laisser se conduire ainsi.

Requête est envoyée au Prince de Paris pour lancer une Chasse au Sang contre Roland de Sury du Clan Ventrue, déclaré anathème. Parallèlement, on envoie une requête à Sire Revan pour traquer la Pythie. Je suis un peu peinée pour lui, je suis sûre qu’il aurait voulu ramener Roland de Sury lui-même par le fond des chausses.

Des hommes amènent à la Comtesse le coffre au trésor du comté. Celui-ci n’est pas plein, ce qui contrarie encore la Toréador. Elle siffle de colère quand elle entend les légers couinements de rats qui s’amplifient progressivement. Nous n’avons aucun mal à comprendre que le Vénérable s’apprête à nous rendre une nouvelle visite.

Le Nosferatu propose poliment son aide à la Comtesse. En guise de gage de confiance, il présente à Dame Adélaïde un cadeau. D’un geste, il appelle ses serviteurs qui amènent Roland de Sury, couvert de chaînes. Le Vénérable explique que le Ventrue était en fuite vers le Fief de la Croix Noire, vers l’est. J’ai du mal à cacher ma jubilation, et c’est là que je me permets d’élever la voix : je propose à la Comtesse une « idée qui l’amusera et qui permettra d’en apprendre sur la condition vampirique ». Roland de Sury se montre bien moins posé, et multiplie les insultes. Chante, petit moineau… Si la Comtesse approuve ma condition, tu prieras de toutes tes forces pour qu’on t’exécute comme tu le mérites.

Quand la Comtesse me reçoit seule à seule, je lui explique mon idée. Elle m’autorise à écrire une missive à Dame Héloïse, qu’elle vérifiera. Voici le texte que je lui ferai parvenir l’heure suivante :

« Ma Dame,
« Notre Clan est toujours avide de découvertes afin de faire progresser les Enfants de la Nuit. »
« L’une des plus grandes fiertés du Clan Tremere est la conception et l’utilisation des Gargouilles. Je vous propose l’opportunité d’en fabriquer une nouvelle d’un genre nouveau. Vous m’enseignâtes que les principales sources de matière première étaient les Clans Tzimisce et Gangrel, c’est connu. Or, la Comtesse, qu’elle en soit remerciée, m’a donné l’autorisation de pratiquer cet artisanat sur un traître au Duché de Forez, un Ventrue renégat du nom de Roland de Sury, déclaré anathème par sa Grâce. »
« Bien entendu, je n’ai aucunement prétention de réussir une telle opération. Mais je vous invite à venir par vous-même accomplir cette besogne afin d’en retirer tout l’enseignement que nous pourrons, pour la gloire du Clan et pour le bienfait de la Comtesse. J’espère en apprendre moi-même sur cette science que je ne connais que de nom. »
« Je vous remercie pour votre diligente réponse, ma Dame. La Comtesse appréciera votre aide à sa juste valeur. »

Alors que je mets la main sur un serviteur pour lui faire porter la missive à ma Dame, j’apprends que des rumeurs circulent dans le village. Les démonstrations du Vénérable, les gens en armes, les cris qu’on a pu entendre depuis la nuit dernière laissent à penser aux mortels que le lieu est maudit, et que la colère de Dieu ne tarderait pas à s’abattre sur le Forez. De mieux en mieux. Mais cette nuit-là sera pauvre en action, et je passerai le reste des heures sombres à faire les comptes de mon échoppe.

*

Le lendemain soir, la Comtesse nous reçoit tous, à l’exception de Valère et Thibault, manifestement tombés en disgrâce à ses yeux. La petite Gitane est assise près d’elle, et ne semble plus éprouver la moindre peur. Pas la peine de comprendre pourquoi. Les cinq gardes mobilisés par Sire Revan sont de retour. Ils transportent un grand sac qu’ils vident. Dix têtes de vielles femmes tombent sur le tapis qui se retrouve maculé de sang. La Comtesse ordonne que ces cinq hommes d’armes soient amenés dans sa chambre.

Un drôle de personnage se présente sur ces entrefaites. Son accent laisse penser qu’il vient de Germanie, et il est habillé comme un mercenaire. Il se présente : Sire Gaunter, mercenaire de renom. Il propose de ramener lui-même la Pythie, ce qu’approuve la Comtesse. Il me paraît bien sûr de lui. J’espère qu’il est conscient qu’avec cette Dame, l’échec n’est pas une option.

La Comtesse prépare ses bagages. Sollicitée à Vienne, elle laisse la régence à Sire Kaiser.


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Message par altamaros Jeu 14 Juin 2018 - 17:46

Si j'ai bien compris, Friedrich Kaiser est un Brujah, non pas un Ventrue ...

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Message par SPX Spécial Jeu 14 Juin 2018 - 17:50

Ah, zut. En même temps, on a la trinité : "chevalier", "arrogance", "fanatisme religieux" qui laisse place au doute... Cela dit, ça explique ses sautes d'humeur.

Le Conteur confirme-t-il ?


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Message par Alyan Jeu 14 Juin 2018 - 19:54

Je confirme, Valkyren m'a dit deux fois qu'il étais du même clan que moi ^^
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Message par SPX Spécial Jeu 14 Juin 2018 - 20:30

Okay, je vais rectifier cet élément.
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Récits de la Coterie du Forez Empty Quatrième missive de Bérénice du Clan Tremere

Message par SPX Spécial Mer 27 Juin 2018 - 23:09

À l’attention de Maître Alexandro de la Fondation du Cœur Ardent de Delphes

Colère. Rage. Haine. Les mots ne suffisent pas à exprimer tout ce que je ressens au moment où je prends la plume. Installée dans un petit cabinet, c’est dans un état second que je couche sur papier ces quelques lignes. Je suis anéantie. J’ai été frappée au plus profond de mon cœur, là où ça fait le plus mal.

Mon laboratoire est en cendres, et j’en ai perdu tout le contenu.

Je me fiche de l’absence de compassion des autres membres de la Coterie. Même s’ils ne l’ont pas dit clairement, tous doivent se réjouir de la déconfiture de cette « saleté de sorcière zoroastrienne Tremere » ! Je m’en fiche. Qu’ils restent à ricaner dans mon dos. Ils ne savent pas, ils ne pourront jamais appréhender la valeur de ce que j’ai réellement perdu, et de ce qu’ils ont également perdu, par la même occasion ! J’ai toujours été sincère : j’ai toujours voulu suivre vos consignes, et faire avancer la condition Caïnite pour le Clan Tremere et pour ses alliés ! Tout le savoir qui était à ma portée aurait pu être utile à tous, sur votre ordre, ou conservé bien à l’abri si telle eût été votre volonté !

Mais comment ? Comment en est-on arrivé là ?

J’aurais dû me douter qu’une telle chose arriverait, compte tenu du manque évident de compétence des gens chargés de la sécurité ! Un premier indice qui aurait pu me mettre sur la voie était la Mort Ultime pure et simple de ce bâtard de Roland de Sury, assassiné dans sa cellule ! De quoi vais-je avoir l’air, quand Dame Héloïse constatera qu’il n’y a plus personne à transformer en Gargouille ? On entre dans ce château comme dans un moulin ! De mauvaise humeur, je ne manque pas d’accabler Sire Thibault de reproches. Celui-ci, comme à son habitude, répond en multipliant les sous-entendus avec sa moue de pitié condescendante. Loki intervient en nous rappelant le plus important à ses yeux : faire de ce château un véritable « sanctuaire ».

Un nouvel arrivé de l’Ordre de la Rose Ardente se présente alors à Sire Thibault ; ses belles manières, son air posé, ses vêtements précieux et brodés aux couleurs de l’Ordre Toréador confirment le titre qu’il annonce : Henri de Rattay, intendant du Comté, à qui la Comtesse Adélaïde a ordonné de faire tout l’inventaire du domaine en vue de la prochaine levée d’impôts.

Sire Thibault, qui ne perd pas le nord, négocie une réduction sur les taxes, prétextant que la Comtesse a déjà prélevé sa part. Devant l’insatisfaction d’Henri de Rattay, le Gardien de l’Elysium fait alors ce que je pense être une première erreur : il installe l’intendant dans une geôle particulièrement inconfortable, avec de la paille sale sur le sol. Je ne suis pas la seule à penser qu’il y a abus, Loki n’est pas très tranquille non plus.

Valère d’Abbeville, le nouveau Prévôt, va investiguer dans le laboratoire du principal responsable de toute cette zizanie, Venantius. Malheureusement, il ne souhaite pas que je l’y accompagne. Je respecte sa volonté, et vais me contenter de comprendre ce qui est arrivé à de Sury. Au passage, je vois la condition plutôt misérable dans laquelle a été mis de Rattay. Il fait ses comptes sur une table branlante, dans une cellule humide, la porte grande ouverte, avec un garde un peu débile qui reste devant la porte en permanence.

Dans la cellule qui abritait Roland de Sury, je m’agenouille près des chaînes, et les prends fermement entre mes mains délicates. Hélas, l’énervement altère ma concentration, et tout ce que je peux voir est qu’il y a eu « deux personnes » dans la cellule. Hum, cela me rappelle ce qui est arrivé au Malkavien. Quoi qu’il en soit, ce damné Ventrue a rejoint son Seigneur bien-aimé sous les yeux d’un autre.

Quand je retourne vers mon laboratoire, une foule se dirige vers le château. En tête, je reconnais la silhouette rondouillarde du Père Sébastien. Il défie Sire Thibault en prétendant qu’une « sorcière » serait à la tête du château. J’espère un instant qu’il ne parle pas de moi, mais je dois rester modeste, je ne suis pas à la tête d’un château. La cible de ces accusations est bel et bien Dame Adélaïde.

Sire Thibault retourne la situation. Il y a dans ses paroles une telle conviction (et sans doute les disciplines de manipulation du Clan Ventrue) que les villageois saisissent le prêtre, lui arrachent son froc, et l’enferment dans une autre cellule.

Sire Valère d’Abbeville revient alors de son investigation, et pose devant moi une pile de six volumes reliés ! Si mon cœur pouvait battre, on l’entendrait à travers tout le château tellement est grande mon excitation ! Enfin, j’ai de quoi me rendre pleinement utile à ma façon ! Je prends les volumes, les emmène jusque dans mon laboratoire, et passe le reste de la nuit à recopier tout ce que je peux en commençant par le premier.

Je suis absorbée dans mon travail de copiste, lorsque quelqu’un frappe à la porte. C’est d’Abbeville. Il me révèle alors quelque chose d’incroyable : il a retrouvé et détruit Némésis en personne ! Devant mon air incrédule, il s’explique. La dépouille de Némésis, maintenu en torpeur, était dans le laboratoire de Venantius. D’après quelques correspondances retrouvées sur le bureau, quelqu’un aurait fourni au Cappadocien le corps immobilisé du terrible adversaire du Prince d’Angerieux. Venantius aurait extrait son sang avec précaution pour mettre le concentré de vitae qui lui restait dans une fiole dont nous avons tous mesuré les conséquences après le geste malheureux de Valère d’Abbeville.

Le Prévôt a décapité le cadavre de la monstrueuse créature qui est aussitôt tombée en poussière. Bon, au moins, pas de risque que son enveloppe charnelle nous contrarie davantage. Mais qui a fourni cette dangereuse poupée de chair morte à Venantius ? D’Abbeville soupçonne le Vénérable du Clan Nosferatu.

C’est sur cette réflexion que je regagne mon laboratoire, où je me repose pour la journée.

*

Tout le village a été convié pour assister au procès du père Sébastien. Personnellement, j’ai autre chose à faire. Au mieux, c’est effectivement un hérétique, et ça indisposera les Baalis de voir un de leurs admirateurs sur le bûcher, au pire c’est une malheureuse victime d’un système mis en place pour contrôler les foules par la peur, et dont personne ne pourra le sauver. Ils vont recourir au Jugement de l’Eau : l’accusé est jeté dans un lac, des poids attachés aux pieds. S’il se noie, son âme sera recueillie par la bienveillance de Dieu. S’il s’en sort, c’est que Dieu l’aura rejeté, le laissant entre les mains du Diable… et donc il doit être exécuté. Dans les deux cas, l’accusé est perdant.

Quelle bande d’ânes bâtés ! Je me fiche de ce prêtre, mais si l’archevêque apprend ce qui s’est passé, il risque d’envoyer ses chiens mener une enquête, et on n’a pas besoin de ça. Peu importe, j’ai des textes à étudier.

Un serviteur vient me chercher. J’ai été convoquée par Friedrich Kaiser, revenu tout spécialement de son château. Voilà qu’il m’assaille d’injures très classiques (« sorcière », « ribaude », etc.), et qu’il m’accuse entre deux insultes d’avoir été chez lui répandre des rumeurs insultantes sur la Comtesse et les relations qu’elle entretiendrait avec lui. Je ne sais pas si je dois soupirer d’exaspération ou lui rire au nez tellement c’est absurde. Tout le monde pourra témoigner que je n’ai pas quitté mon laboratoire depuis deux jours. Qui aurait fait ça, alors ? Un plaisantin avec mon visage ? Un sosie inconnu ? Un Caïnite capable de se faire passer pour quelqu’un d’autre grâce à l’une ou l’autre des Disciplines que Lilith enseigna à Caïn ?

Henri de Rattay, arrivé aussi, en profite pour se plaindre du traitement qui lui a été réservé par Sire Thibault. Le Brujah fait mander le Gardien de l’Elysium pour tirer ça au clair.

Quand Sire Thibault arrive, Sire Kaiser annonce qu’il va tripler les taxes de l’année, et qu’il va emmener les serviteurs du château et les paysans des alentours pour son profit. Baudri, le forgeron du Clan Brujah, calme alors le jeu d’une façon inattendue : il va chercher un coffre qu’il gardait je ne sais où, et en donne le contenu à Sire Kaiser. L’autre Brujah nous laisse alors les paysans, mais pour ne pas perdre la face, fait preuve une nouvelle fois de son autorité destructrice : il fait rassembler dans la cour du château tous les vieillards, les malades, les indigents, et les fait publiquement massacrer, avant d’ordonner aux gens en bonne santé un rendement deux fois supérieur, « maintenant que toutes les bouches inutiles ont été refermées ». Si j’en étais encore capable, je vomirais sur Sire Thibault, qui se montre plus cynique que jamais.

Sire Kaiser et de Rattay s’en vont de leur côté. Sire Thibault ordonne l’exécution par le bûcher du père Sébastien, reconnu hérétique par le Jugement de l’Eau. Au moins, il aura appris à nager avant de brûler. Peu importe, j’ai une étude à mener. J’y retourne.

*

La lune se lève une nouvelle fois sur le comté du Forez. Cette nuit, je ne le savais pas en me réveillant, sera décisive pour l’avenir de la Coterie, du domaine, et de votre servante.

Une fois repue sur le premier garde venu, je retourne aussitôt à mon travail de copie. Je me fais convoquer. Que se passe-t-il, encore ? La Coterie est rassemblée dans la salle de banquet, on expose le problème : on a retrouvé dans la cour d’une ferme le cadavre d’un paysan complètement vidé de son sang. Un Caïnite qui aurait dépassé la dose prescrite ? Les gardes qui ont pris l’initiative d’interroger la famille nous racontent que ce pauvre bonhomme, alerté par sa femme qui avait entendu un bruit très inquiétant dans l’étable, avait pris une fourche à la main pour y entrer et vérifier. Jamais il n’en est ressorti. Dans l’étable, il y avait une chèvre plus sèche qu’une branche morte il y a un siècle. Un Vampire visiblement affamé au dernier degré, il semblerait. Nous décidons de nous rendre sur place pour retrouver ce sauvage.

Une fois de plus, les talents de chasseur de Loki nous guident jusqu’à une piste qui vient de la forêt et qui oblique vers le château. Serait-ce celle empruntée la veille par le Druide ? Je n’y ai pas assisté, mais j’ai appris que le Sire de Loki était justement venu lui rendre visite. Non, dit Loki. Son Sire a pris un autre chemin, ce n’est pas son odeur. Nous suivons la piste, et ces traces conduisent à un passage secret connu des habitants dirigeants du château, le genre de tunnel dissimulé qui permet à la famille dominante de fuir en cas de siège. Le Gangrel confirme que ces traces sont toutes fraîches.

Nous pénétrons donc dans le château en remontant la piste. La tension monte de plus en plus quand nous constatons qu’il n’y a pas un son, pas un garde. Nous arrivons jusqu’à la salle du trône. Les tapisseries de la Rose Ardente ont été sauvagement arrachées et déchirées, comme sous le coup d’une très grande colère.

Un grognement rauque rompt alors le silence de plomb, et une silhouette s’extirpe lentement de derrière le trône. Je ne peux pas m’empêcher de ressentir de la peine en voyant Landre d’Angerieux, plus dépenaillé et plus sale que jamais, les vêtements en lambeaux et couverts de traces de sang. Un mortel dans cet état aurait rendu son dernier souffle une demi-douzaine de fois. Exténué, il nous demande de lui laisser quelques heures pour se reposer un peu, le temps pour nous de lui faire un résumé de la situation.

Quand nous le laissons regagner sa chambre, je suis abordée par un serviteur en panique. Il me crie que mon laboratoire est en feu ! Je me précipite hors du bâtiment pour faire quelque chose. Ce n’est pas un cauchemar, la maisonnette est effectivement la proie d’un terrible incendie ! J’essaie de me rapprocher des flammes. La Bête se contorsionne dans mon ventre, secouée par la Rötschreck, la Terreur propre à chaque Bête, en réaction aux pires des dangers, comme le soleil ou le feu. Je tiens bon, mais le feu est bien trop fort pour que je puisse faire quoi que ce soit. Je ne peux rien faire d’autre qu’assister au désastre, complètement impuissante.

Des serviteurs font de leur mieux pour maîtriser l’incendie. Pour une fois, Léothéric fait même preuve d’un peu de sollicitude. Grâce à la Thaumaturgie, il anime des statues qui participent à l’effort.

Bientôt, le feu est éteint. Mais il faut se rendre à l’évidence : tout ce qui se trouvait dans la maison est complètement calciné. D’ailleurs, le toit s’écroule sur tout le reste.

Voilà. Tout le fruit de mon travail, tout ce qui justifie ma vie et ma non-vie de vampire, à l’état de poussière brûlante. Je tombe à genoux, et reste ainsi sans bouger, à sentir les larmes de sang couler doucement sur mes joues. Je serai incapable de faire quoi que ce soit d’autre pour la nuit. Je me résous à m’abriter dans le dortoir commun lorsque l’aube point.

*

La lune se lève de nouveau sur notre château. Je me dirige mécaniquement vers les restes de mon laboratoire afin de pouvoir estimer combien d’argent me coûtera la reconstruction.

Une fois cela fait, je rejoins les autres dans la salle du trône pour voir Landre d’Angerieux avec les autres. Le Prince déchu nous raconte alors son histoire :

Arrivé à Paris, il a été vite arrêté et jugé par le Prince de Paris et la Cour de la Croix Noire. Quantité de témoins sont venus dire qu’il avait mal géré les problèmes sur son territoire. Son Infante, la Comtesse Adélaïde, l’a enfoncé au maximum (quelle surprise) et lui a fait avouer des choses qu’il n’avait jamais faites (je me demande bien lesquelles). Condamné à la Torpeur jusqu’à ce que le Prince eût choisi le moyen de lui donner la Mort Ultime, il parvint cependant à s’échapper (il est plus costaud que je croyais pour un Toréador) et passa la dernière semaine à fuir au plus vite, traqué comme une bête sauvage, jusqu’à arriver au Forez.

Valère d’Abbeville raconte au Prince ce qui s’est passé en son absence. Baudri donne alors sa théorie : d’après le Vénérable à qui il a parlé dernièrement, Némésis a manipulé les gens pendant des années avant de frapper un coup, un seul, mais un coup décisif. Or donc, il semblerait que la même chose soit en train de se produire.

Valère précise que quelqu’un a fourni à Venantius le corps de Némésis. Le Prince nous dit alors que ce quelqu’un ne peut être que son Infante Adélaïde, la seule personne en dehors de lui qui savait où était le cadavre de Némésis.

Le Prince nous révèle alors un secret affreusement lourd : il connaissait Némésis avant qu’il ne devienne Némésis, quand il s’appelait encore le « Chamane ». Le Chamane n’était pas quelqu’un de foncièrement mauvais, il avait même accepté des pourparlers quand les premiers prêtres catholiques étaient venus implanter le christianisme dans la région. Or, aucune proposition ne lui avait convenu, et son caractère s’était alors de plus en plus durci. Il a alors lancé des raids sur les villages de d’Angerieux, puis sur les mines du Vénérable, et enfin dans la forêt du Druide. C’est donc à contrecœur que les trois Caïnites unirent leurs forces pour l’arrêter. Et en voyant son ami vaincu à sa merci, d’Angerieux n’eut pas le courage d’aller jusqu’au bout et de le détruire, préférant l’immobiliser et le garder caché.

Le Druide avait une rancune personnelle contre Némésis. En effet, avant d’être un Gangrel, il avait eu une femme, des enfants. Son épouse mourut bien avant lui, et il l’avait enterrée sous un grand chêne sous lequel ils s’étaient déclaré leur amour mutuel. Suprême insulte, Némésis avait brisé l’arbre et fait du corps de la femme du Druide un cadavre animé sous son contrôle.

Triste histoire, en vérité. Baudri pense qu’il y a autre chose d’étrange : trop de choses en fait, concentrées autour de Némésis. Valère d’Abbeville pense que les Baalis pourraient tirer parti de tout ce désordre.

Némésis était suffisamment puissant pour relever et contrôler une armée entière de mort-vivants. Il était également du genre à littéralement gangréner la vie elle-même autour de lui : les plantes mouraient à son passage, la température baissait… Et personne n’a la moindre identité de son Sire. Mais les connaissances qu’évoquent alors mes camarades de Coterie laissent à penser que Némésis serait toujours parmi nous, sous la forme d’un Spectre.

Les Spectres… Je ne sais que peu de choses sur eux. Je crois me rappeler qu’il s’agit d’esprits immatériels tourmentés, rattachés obstinément au monde matériel, comme coincés. Leur douleur n’est égalée que par leur folie destructrice. Ils peuvent prendre le contrôle d’une enveloppe charnelle s’ils arrivent à s’y rattacher. Voilà comment Venantius est devenu Némésis, bien qu’on avait déjà tous compris l’effet de la fiole de sang depuis le début .

Le Prince nous guide alors vers une personne susceptible d’avoir la puissance de contrer Venantius/Némésis : un exorciste de première catégorie, Frère Ezio. Tiens, tiens, tiens… notre brave abbé Séverin était censé être un disciple d’Ezio. Nous devons le retrouver et le contacter.

Telle sera notre prochaine entreprise. D’ici là, je vais demander aux artisans du château combien me coûteront les réparations de mon laboratoire, et je vais commencer à reconstituer les stocks – je n’aurai qu’à demander à l’intendant les notes qu’il a récupérées, les originaux ayant disparu en fumée avec tout le reste.

J’ignore encore à l’heure actuelle qui m’a fait ça, et je n’ai pas d’idée. Ça peut être n’importe qui. En tout cas, quelqu’un qui veut me créer de vrais problèmes. Quelqu’un qui a réussi à convaincre Kaiser que je suis venue déblatérer des calomnies jusque chez lui. Quelqu’un qui ne veut pas voir progresser mes connaissances scientifiques.

Un membre de la Coterie ? Si oui, plusieurs possibilités sont envisageables. Sire Thibault ? C’est celui à qui je me suis le plus ouvertement opposée, devant témoins. Un peu gros, cependant. Léothéric ? Ce Caïnite solitaire aux connaissances propres aux Tremere figure en bonne place parmi les suspects, bien que je le soupçonne d’agir plus pour son propre intérêt sans se préoccuper de celui des autres. Valère d’Abbeville ? Jusqu’à présent, il a toujours été correct, c’est lui qui m’a confié les livres. Baudri le forgeron ? Pas de raison. Loki ? Jamais il n’aurait recours à de tels procédés, s’il voulait me nuire, il viendrait me trouver et me tailladerait à coups de griffes.

Et à l’extérieur ? Un des pantins de la Comtesse qui veut me faire partir en m’intimidant et en me compromettant ? Elle est la Comtesse, si elle veut me chasser, elle n’a qu’à en donner l’ordre. Venantius, car mon savoir pourrait représenter un danger ? Ses écrits étaient dans mon laboratoire. Ou bien on a encore affaire à un nouveau joueur, peut-être chez les Baalis, peut-être chez les Ravnos – la Pythie court toujours. Enfin, les Ravnos… pour l’heure, je n’ai rien fait pour m’attirer leurs foudres. Encore que… ils savent utiliser les illusions, l’un d’eux aurait pu se faire passer pour moi, chez Kaiser ?

Quoi qu’il en soit, je mettrai la main sur le responsable.

Et quand je l’aurai à ma merci, je jure sur le Cœur Noir de Caïn, sur l’esprit de Tremere en personne, qu’il me suppliera de l’empaler sur un pieu et de le laisser accroché au sommet du donjon jusqu’à l’aube plutôt que de vivre plus d’une minute du traitement que je lui réserve !
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Récits de la Coterie du Forez Empty Cinquième missive de Bérénice du Clan Tremere

Message par SPX Spécial Dim 18 Nov 2018 - 15:53

À l’attention de Maître Alexandro de la Fondation du Cœur Ardent de Delphes,

Enfin, la situation est en train de basculer. Les Caïnites qui nous posent problème commencent à ressentir la douleur du retour du bâton.

Au début de cette nouvelle nuit, nous sommes convoqués par Landre d’Angerieux. Dans la salle du trône nous attendent Sire Revan de Saint-Estève, Sire Valère d’Abbeville, et un serviteur qui emmène Sire Thibault de Mauvernay. Tous deux reviennent avec d’Angerieux. Celui-ci a mis les petits plats dans les grands. Il a retrouvé toute sa majesté, dans une armure neuve incrustée de cuivre et d’argent, avec une rose gravée sur le torse, une cape sur laquelle est brodée le dauphin de ses armoiries, et si un ou deux dissidents tels que Loki refusent de s’agenouiller, je suis tellement éblouie par tant de majesté que je me jette presque par terre à son passage. Il me paraît plus à sa place ici que Kaiser ou Adélaïde !

Il annonce alors solennellement une décision qui me réjouit : il compte bien récupérer ce qui lui revient de droit (et qui revient à ses fidèles, moi comprise). Un siège sera lancé sur Montbrison, la principale ville du Forez, vous vous en rappelez. Je sens un vilain sourire étirer mon visage délicat en entendant le cri de guerre répété par les gens présents dans la salle du trône : mort à Kaiser !

Sire Revan demande alors à mi-mot au Prince s’il faut aller prévenir « qui vous savez » ? Baudri du Clan Brujah demande de qui il s’agit, le Prince refuse de répondre autre chose que « un ami proche de Roland de Sury ».

Sans prévenir, Baudri hausse brutalement le ton. Il accuse Loki de lui avoir caché une information essentielle, comme quoi le Druide, le Sire de Loki, aurait fait prisonnier Venantius sans prévenir personne. Devant la passivité du Gangrel, Baudri le provoque en duel.

Duel est alors organisé dans la cour, les mortels se bousculent autour de l’arène improvisée pour assister au spectacle. Je décide de m’installer sur le rempart. Pas pour applaudir avec les autres, ce genre de bravade de brutes ne m’intéresse pas. En revanche, quelque chose me dit que l’intérêt du moment ne sera pas sur la scène, mais autour. La comparaison fera sans doute tressaillir le lecteur d’un rire navré, mais je me sens comme une buse sur son perchoir, à l’affût du moindre mouvement suspect, prête à me jeter sur une proie. Ou peut-être que je me fais des idées ?

Le duel a trouvé une conclusion rapide, et Loki a mordu la poussière. Baudri semble savoir aussi bien manier les armes qu’il les fabrique ! Je m’empresse d’aller dans la tente pour voir dans quel état est le Gangrel. Patraque, mais trois prisonniers de droit commun contiennent suffisamment de sang pour guérir toutes ses blessures.

Une petite heure plus tard, Sire Thibault de Mauvernay dans une armure flambant neuve, richement décorée. Moins richement que celle de d’Angerieux, mais ce n’est pas plus mal. Il serait malvenu d’avoir un apparat qui éclipserait celui du seigneur local. Il a fière allure dans cet équipement. Et je le comprends. Une ribaude princière a beau être une ribaude, il faut bien qu’elle soit à la hauteur de sa fonction, n’est-ce pas.

Enfin… maintenant que les différends sont réglés entre Baudri et Loki, il est temps de préparer le siège ! Je vais passer le reste de la nuit à fabriquer une arme particulière. J’aimerais connaître le feu grégeois, mais il faudrait que je consulte les ouvrages de médecine qui étaient dans mon laboratoire en cendres. En attendant de pouvoir en racheter d’autres, je pourrai peut-être consulter la bibliothèque du domaine ? Pour l’heure, grâce aux équipements auxquels j’ai accès, je me contente de concocter une solution acide contenue dans des globes solides en verre, à forte concentration. Les métaux ne devraient pas y résister, pas plus que les chairs et les os.

En milieu de nuit, nous faisons chacun notre rapport auprès de d’Angerieux. Celui-ci semble aux anges. Soit qu’une profusion d’éléments positifs lui soit tombée dessus, soit qu’il a vidé un mortel soumis à une forte dose de drogues euphorisantes, il a l’air très heureux.

Baudri demande alors à aller chercher son Sire, un Brujah nommé simplement « l’Érudit ». Cet Érudit aurait repoussé Némésis lors de son premier assaut. Peut-être qu’il sera disposé à renouveler l’exploit pour nous ? Nous devons le retrouver au bâti d’Urfé, un prieuré.

Quand nous y arrivons, c’est pour constater que quelqu’un nous a précédés : la grille a été laissé ouverte, les fleurs n’ont pas été entretenues depuis quelques jours… Baudri, inquiet à juste titre, descend de cheval et fonce vers la demeure. Nous le suivons promptement.

La première chose que je vois en entrant est un tas de cendres. Baudri est en train de lire une lettre. Il dit alors « ce n’est pas l’Érudit ». Quelque chose me dit qu’il aurait poussé un soupir de soulagement s’il avait pu. Mais je suis curieuse de savoir qui gît à nos pieds. Alors, je décide d’accomplir quelque chose que j’ai appris dernièrement grâce à mes lectures : le rituel de l’Appel des Morts Affamés. J’ai arraché ce secret aux livres des Cappadociens que d’Abbeville m’a donnés avant qu’ils ne partent en fumée avec mon échoppe. Heureusement que j’ai pris le temps de l’apprendre. Il s’agit d’un rituel qui permet de transmettre à quelqu’un la faculté d’entendre les voix des défunts. J’espère obtenir des informations plus précises qu’avec la Thaumaturgie. Cette première tentative est en partie fructueuse ; j’entends la voix d’une femme paniquée dire : « Je ne peux pas vivre en sachant ça ! » En rouvrant les yeux, je me rends compte que le tas de cendres est près de la fenêtre. Apparemment, qui que fût cette Caïnite, elle a connu le même sort que ce brave Artémon du Clan Malkavien.

Quel est donc le terrifiant secret qui a pu pousser deux Vampires sans doute plus croyants que moi, et donc craignant les foudres de Dieu en cas de suicide (encore que ça ne s’applique sans doute pas aux Vampires, déjà maudits par le Seigneur), à se laisser brûler par le soleil ?

Léothéric et Baudri, partis investiguer dans une autre partie du prieuré, déboulent dans l’entrée, et insistent pour rentrer au manoir immédiatement. Ce que nous faisons.

Quand nous nous retrouvons de nouveau devant le Prince, le forgeron nous explique alors ce qu’il a vu, et le raisonnement qu’il en a tiré.

L’Érudit a compris que Dame Adélaïde était partie à Gênes. Lui-même a emporté ses livres de sciences occultes les plus précieux pour se lancer à sa poursuite et l’arrêter. En effet, la traîtresse Toréador a trouvé la source de toutes les peurs de notre Monde des Ténèbres. Baudri le résume en quatre mots :

« Adélaïde a trouvé Caïn. »

Caïn…

Ce nom qui suscite terreur et fascination chez les Vampires et leurs ennemis.

Le nom du premier meurtrier de l’Histoire de l’Humanité, d’après la Bible.

Sa jalousie l’a poussé à assassiner son frère Abel. Il a pris une vie humaine, et ce faisant s’est approprié un droit dont seul Dieu dispose.

Et pour cette effroyable faute, Dieu l’a puni en le condamnant à ne plus jamais pouvoir revoir la lumière du jour, et à se nourrir de sang, le sang qu’il a versé.

Caïn a disparu depuis des temps immémoriaux. Jusqu’à présent, nul ne sait où il se trouve précisément, s’il est encore à arpenter ce monde. Il n’y a aucune preuve concrète de sa Mort Ultime. Il a disparu sans laisser de trace, mais la possibilité de son retour plane au-dessus de nous comme la pire des menaces. Si Caïn reparaît au monde, le monde disparaît.

Et c’est dans ses bras qu’Adélaïde a décidé de se jeter !

Par amour ? Passion ? Pour obtenir quelque chose de lui ? Ou pour tenter de le détruire ?

Il n’y a pas trente-six solutions pour le savoir.

Mais ce sera une question à régler ultérieurement. Pour l’heure, il faut libérer Montbrezon. Le jour approche, nous regagnons tous nos quartiers respectifs. Avant de me reposer, toutefois, j’écris deux missives pour prévenir de la gravité de la situation. La première à votre Infante, ma Dame, Héloïse, et la deuxième pour vous, que vous reçûtes probablement peu de temps avant celle que vous êtes en train de lire.

*

Une lune pâle comme la mort se lève dans un ciel entrecoupé de bandes nuageuses, comme autant de lames. L’histoire du Forez va être allongée de quelques paragraphes imprimés dans la chair meurtrie et encrés au sang.

Le château est en pleine activité. Les serviteurs mortels de d’Angerieux ont bien fait leur travail, et les candidats pour participer au siège se bousculent. Kaiser a fait beaucoup de dégâts en peu de temps, et nombreux sont ceux qui ont perdu un parent ou un ami à cause de ce boucher. Nous avons la surprise de voir une femme vêtue en armure de cuir se présenter à nous. Thibault de Mauvernay, fidèle à lui-même, ricane avant de lui proposer un poste de cantinière. Mais devant son insistance, il accepte de laisser Loki la tester.

Elle s’avère être une bonne combattante, à la surprise du Gangrel. Le croisé Ventrue échange alors quelques coups avec elle, tout en multipliant les tricheries à grands renforts de Disciplines. Elle résiste, si bien que je ne me retiens pas de rire aux éclats. C’est d’Angerieux qui arrête alors le combat. Baudri interroge la femme : elle s’appelle Ygrid, et vient d’un « pays lointain ». Quand d’Angerieux demande des précisions, elle parle plus longuement d’elle : installée au Forez, son mari était un marchand venu en Scandinavie où elle est née il y a un peu plus d’une seizaine d’années.

Loki accepte de la prendre en charge au cas où Thibault de Mauvernay la dédaignerait, mais ce n’est pas gagné. Le croisé l’emmène alors dans ses quartiers. Je parie qu’il va en faire une Caïnite. Et ça ne rate pas. Deux heures plus tard, elle nous revient, plutôt patraque, et elle ne respire plus. Dommage pour Loki. Et en plus, elle est devenue aussi orgueilleuse et imbue de sa personne que son nouveau Sire. Quel gâchis ! Entretemps, Baudri lui a confectionné une armure et des armes frappées avec le marteau de l’un de ses dieux, un certain Thor. Et pour parfaire le tableau, Thibault l’adoube, « par commodité ».

Les effectifs sont rassemblés dans la cour. Nous pouvons compter deux cents hommes prêts à se battre, dont un bon quart constitué de soldats de métier. Baudri, prévoyant, avait fabriqué suffisamment d’armes pour équiper tout le monde. Pas de fourche, de pelle ou de faux, mais des lances et des épées.

Sire Landre d’Angerieux nous explique alors la stratégie de l’attaque : avec l’aide de l’Armée de la Croix Noire amenée par la personne qu’il a fait venir, il attaquera Montbrezon de front. Nous autres, ses serviteurs directs, pénétrerons à l’intérieur des murs de la cité par un passage secret dont il nous révèle l’emplacement. Léothéric connaît une formule magique qui nous permettra de rester hors de la vue de ceux que nous croiserons. Ygrid de Mauvernay va nous accompagner.

Alors que nous nous apprêtons à partir, d’Angerieux fait alors un discours passionné devant une grande bannière déroulée du haut du donjon.

Une heure de chevauchée plus tard, nous arrivons aux abords de Montbrezon. L’atmosphère est quelque peu morbide. Nous franchissons l’enceinte par une bouche d’évacuation des eaux usées, puis Léothéric accomplit son rituel. Il nous guide à travers les ruelles. Par malheur, à un moment, je bouscule un garde, mais la hache d’Ygrid le réduit au silence aussi sec. Un coup de corne au loin nous confirme que l’assaut de d’Angerieux a commencé. La grosse voix de Kaiser retentit du haut du balcon de la tour principale. Enfin, on va s’occuper de lui de la façon qu’il mérite depuis longtemps !

Nous courons tous ensemble vers le donjon. Cinq hommes d’armes équipés de lances pensent pouvoir nous arrêter. Les griffes de Loki, l’épée affûtée de Léothéric, le redoutable marteau de guerre de Baudri ont vite fait de les dissuader de nous barrer la route, définitivement.

Nous arrivons dans la salle du trône. Kaiser est devant nous, dos tourné. Léothéric sort son arc et lui envoie une flèche qui se brise sur le Brujah. Kaiser se retourne. Il a une fiole vide dans la main. Il marmonne nerveusement : « elle l’a trouvé », jette la fiole qui se brise par terre et en un instant, se transforme, se tord, ses vêtements explosent, et le voilà qui se transforme en une sorte de monstruosité à tête et ailes de chauve-souris. Parfait, le monstre révèle sa vraie nature, ce qui m’encourage davantage à lui faire connaître la Mort Ultime. Encore que, c’est une insulte pour ces petits animaux inoffensifs. Pauvres chauve-souris, stigmatisées par la foi chrétienne, au même titre que les béliers !

Le résidu contenu dans la fiole émet des vapeurs qui envoûtent Ygrid. La créature répond aux hostilités ouvertes par l’Apostat en se jetant sur Loki. Le Gangrel reçoit la charge. Baudri se jette sur la bête et frappe, faisant gicler le sang noir. Léothéric enchaîne. De mon côté, consciente de ne pas avoir mon utilité dans le combat brut, j’essaie de l’arrêter avec la Domination. Bien essayé, mais il ne m’a sans doute même pas entendu. C’est alors que je me souviens d’un détail fort gênant : si la Domination est sans faille sur les mortels, on ne peut pas en dire autant des Caïnites, encore moins ceux dont la génération serait plus basse que la mienne. La Domination est dans ce cas-là inefficace.

Le Gangrel attrape le monstre en plantant ses griffes dans ses flancs, le soulève à bout de bras, le jette par terre et lui arrache les ailes. Des membres supplémentaires lui poussent dans un grand bruit de déchirure. Thibault réveille son Infante par quelques gifles bien appliquées. Pendant ce temps, le forgeron renouvelle ses assauts sur la chose monstrueuse.

C’est alors que Dame Ygrid, très contrariée par le mauvais tour de Kaiser, saute sur lui et le tient fermement d’une main, tout en le frappant à coups répétés d’épée de l’autre. J’envoie un caillou à la fronde vers la créature, mais je suppose qu’il n’a même pas ressenti une chatouille. Sire Thibault renouvelle ses assauts sur Kaiser, puis Loki fait de même. Peine perdue, leurs furieuses attaques ne suffisent pas à faire tomber le Brujah infernal.

Kaiser jette Ygrid par terre et s’apprête à la broyer de ses bras puissants. Baudri se jette entre les deux pour protéger la Scandinave. Léothéric prend alors son élan, saute sur son bouclier, bondit en avant, et coupe la tête du monstre. Le sang gicle tel un geyser écarlate, et éclabousse Baudri. Le Brujah est pris d’une frénésie sauvage. Heureusement, il reprend le contrôle au prix d’un effort que je devine particulièrement éprouvant.

Loki m’invite à recueillir un peu de ce sang dans la fiole, mais j’ai une grosse hésitation. Qui sait quelles conséquences désastreuses peuvent découler de ce fluide ? Et combien m’empêcheraient de vous l’envoyer ?

Aucune importance, Sire Landre d’Angerieux nous rejoint alors, en compagnie d’un Croisé (encore) qu’il nous présente comme étant Sire Théodore d’Hambourg. Le nouveau venu brise la fiole dans son poing, et part mettre de l’ordre dans la ville.

D’Angerieux écoute notre histoire, et ajoute quelques précisions : ce sang appartiendrait effectivement à Caïn. « Elle l’a trouvé »… Quoi donc ? Caïn lui-même ? Ou peut-être une formule pour synthétiser son sang ? Quoi qu’il en soit, d’après le Toréador, on n’a pas fini d’entendre parler des Cappadociens.

En résumé, nous avons conquis une ville de la Cour d’Amour avec l’aide de la Croix Noire. Le Prince de Paris sera sans doute fou de joie de l’apprendre. Et la nuit se conclut avec le deuxième couronnement du Prince Landre d’Angerieux, au cours d’une cérémonie très fastueuse.

Et voilà comment d’Angerieux a repris ce que son Infante lui a fait perdre. J’imagine que les prochaines semaines vont être houleuses, car notre Prince est toujours anathème pour la Cour d’Amour. Il va falloir redoubler de vigilance.

Je n’ai qu’une certitude concernant Kaiser : la seule chose que je regretterai aura de ne pas l’avoir transformé en Gargouille moi-même. Ou mieux, de ne pas avoir échoué en essayant, faisant de lui une misérable créature informe et tout juste bonne à être détruite.

Je ne sais pas s’il est responsable de la destruction de mon laboratoire, mais je sais que sa disparition est un bienfait. Un fanatique comme ça aurait vite fait d’oublier le commandement de son Dieu bien-aimé « Tu ne tueras point » pour se débarrasser de moi. D’ailleurs, n’est-ce pas ce qu’il a fait pour les malheureux Gitans ? Je suis curieuse de savoir ce que Dieu a bien pu lui dire avant de lui rire au nez et de l’envoyer dans son Enfer !

La situation va se stabiliser à nouveau dans le Forez, pour le bien de tous.

Que loué soit le nom de Zarathoustra, que béni soit l’esprit de Tremere !
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Récits de la Coterie du Forez Empty Re: Récits de la Coterie du Forez

Message par Valkyren Dim 18 Nov 2018 - 16:27

5xp pour le résumé.
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Récits de la Coterie du Forez Empty Sixième missive de Bérénice du Clan Tremere

Message par SPX Spécial Jeu 27 Déc 2018 - 21:08


À l’attention de Maître Alexandro de la Fondation du Cœur Ardent de Delphes,

Mon maître,

Deux nuits ont passé depuis la reprise de Montbrezon.

Le Prince nous rassemble dans sa salle du trône. Ce triste sire de Léothéric n’est pas parmi nous. Curieux. Sire Valère d’Abbeville nous revient en piteux état. Le Vénérable et le Druide et lui se sont battus contre une autre incarnation de Némésis. Et Druide aurait été détruit, devant Valère ! Quelle misère !

Valère d’Abbeville montre un collier fait en os de petits animaux, que Loki reconnaît comme appartenant à son Sire. En attendant de trouver à l’ancien Gangrel un remplaçant, le Prince s’octroie le pouvoir sur la forêt.

Avant de partir pour Gênes, il faut régler le problème de Némésis, encore. L’esprit de cet être hautement maléfique hante encore les environs. Le Prince demande à Loki de faire une enquête dans la forêt. Soudain, un messager entre. Il apporte un message au Prince, qui emmène Thibault de Mauvernay à part. En gros, le texte laisse penser qu’un agent de Dame Adélaïde surveille le Prince, et lui fait état de la perte de la raison de ce dernier.

Le Prince nous explique qu’un seul Caïnite peut faire entrer un autre Caïnite sans qu’il le sache, à savoir le Vénérable. Aucun autre Vampire n’a le droit d’entrer dans son domaine sans se présenter à lui, ce qui est normal. Et donc, il nous ordonne d’aller tirer ça au clair avec le Vénérable.

Nous arrivons en forêt, sous une pluie battante. Tout est étrangement calme. « La forêt va mal », dit Loki, qui n’a jamais vu un tel phénomène. Plus loin, nous tombons sur les vêtements de Druide. Plus de doute, il a connu la Mort Ultime. Loki récupère respectueusement ses possessions, en particulier son collier d’os qui représentait sa charge. Désormais, Loki est le gardien de la forêt du Forez. Baudri se dirige alors dans une direction en particulier. Je tâche de le suivre, suivie par d’Abbeville, mais mû par la Célérité, il disparaît rapidement à ma vue.

Le bruit d’un furieux combat nous rappelle à l’ordre. Nous rejoignons Sire Baudri, engagé dans un furieux combat. Deux cadavres sont à terre, et trois autres hommes brandissent des épées. Je ne m’en ferai pas plus que ça si ces trois belligérants avaient littéralement des flammes qui sortaient de leurs orbites ! Je n’aime pas me battre, mais quand faut y aller, faut y aller ! Sire Baudri et Loki, animés par la Célérité, ont vite fait de réduire en bouillie deux d’entre eux et de sévèrement affaiblir le troisième. Sire Thibault de Mauvernay en remet une couche et massacre le dernier.

Baudri nous montre au bout de son épée la tête d’une créature chiroptérique semblable à Kaiser. Je remarque alors qu’un pentacle est tracé à même le sol. Encore ces Baalis !

Sire Baudri approche de Loki, ouvre une fiole d’eau bénite et la verse sur la tête du prisonnier tout en récitant une formule en latin. La tête de la goule fume, elle se met à hurler. En fait, ce ne sont pas des goules, mais bien des Caïnites Baalis possédés. Une fumée rouge vif sort des yeux du Vampire, qui tombe aussitôt en torpeur. Il a été exorcisé. Valère d’Abbeville lui enfonce dans le cœur une branche d’arbre taillée en pieu et le prend sur ses épaules. Puis le Tzimisce me suggère d’interroger les esprits des lieux. J’accomplis le rituel, mais aucun esprit ne répond à mon appel.

Nous suivons Loki jusqu’aux abords d’une caverne. J’active mes sens exacerbés. Nous arrivons jusqu’à une impasse. Je fais la Langue de Bois sur une muraille de pierre. Elle me répond simplement : « Arcanum ». Je répète à haute voix ce mot, et tout un pan de la roche coulisse jusqu’à un nouveau boyau dans lequel nous nous enfonçons. Des gémissements retentissent.

Nous arrivons jusqu’à une grande caverne. Le Vénérable git au sol, lamentablement. Pour un peu, j’aurais presque pitié de lui : en effet, il a les jambes affreusement déformées, avec au loin des prothèses de métal destinées à lui permettre de marcher normalement, mais qu’on lui a arrachées et démantibulées. Quand Valère se penche en avant pour lui parler, le Nosferatu le saisit par la gorge et gargouille : « c’est encore pire que ce qu’on pensait… » avant de tomber en torpeur. Baudri le réveille avec une fiole de sang. Le Vénérable se lamente : ses « bébés » ont rejoint l’Enfer. Autrement dit, ses rats ont été retournés par le Baali qui sème le désordre sur notre domaine. Baudri met le Vénérable sur ses épaules et se précipite avec la Célérité jusqu’au château. Nous le rejoignons aussi vite que nous pouvons.

Quand nous arrivons, Baudri nous apprend, éberlué, que le Prince s’est empressé de faire jeter le Vénérable en prison, sous prétexte de trahison. L’air très contrarié, D’Angerieux m’emmène jusque dans une cave profonde du donjon, une immense salle basse où se pressent une demi-douzaine d’hommes d’églises masqués avec l’attirail des médecins. Plusieurs dizaines de serviteurs sont allongés sur des couchettes, portant sous les aisselles des bubons. Que Zarathoustra nous protège, c’est la peste bubonique ! Apparemment, des attaques de rats se sont dernièrement multipliées. Voilà pourquoi le Prince s’est fâché contre le Vénérable, il croit que c’est lui qui a envoyé ses messagers répandre la peste.

Je m’empresse d’expliquer au Prince ce que le Vénérable nous a révélé, comme quoi un Baali aurait pris le contrôle des rats. Puis je lui fais le serment de ne pas cesser de travailler tant que le dernier malade ne sera pas passé entre mes mains. Il laisse à ma disposition tout le matériel du château, ainsi que les médecins, puis se retire se coucher.

Je préviens les autres membres de la Coterie, et un frisson parcourt le groupe. Si ça se trouve, nous sommes désormais porteurs de la peste ! Même si la maladie ne nous fera pas le moindre mal, nos calices pourraient dépérir dans des souffrances peu enviables ! Quoi qu’il en soit, je les avertis que je me mets au travail sans tarder, et sans m’arrêter. C’est à regret que je dois aller me coucher, quand le soleil se lève.

*

Après une journée un peu difficile à dormir dans les caves, je me lève et me remets aussitôt au travail. Le sommeil m’a porté conseil, je commence à entrevoir la formule d’un remède. Or, Baudri arrive et me dit qu’il a un moyen de guérir tout le monde. Soupçonneuse, je lui demande d’être plus clair. Il me demande de lui faire confiance, en promettant qu’il ne s’agit pas d’un rituel sataniste, et qu’il n’y a pas de complications à craindre. Je décide de le croire. Je sors. Quelques minutes plus tard, il sort du dortoir. Quand je rentre de nouveau, c’est à n’y rien comprendre. Ils sont tous en pleine forme ! Je secoue l’un de ces miraculés pour connaître le fin mot de l’histoire. Il me répond, tout guilleret, qu’un ange les aurait guéris grâce à une bénédiction.

J’arrive à garder mon calme pour m’isoler dans une petite pièce avant de fracasser un tabouret sur le mur. Ainsi, cette peste était une malédiction, et une formule à la noix avec le nom de ce Dieu de mes fesses suffit à régler en dix secondes ce que je n’ai pas fait en une longue nuit de travail intensif ! Je suis furieuse ! Enfin… au moins, je garde mes notes, ça peut toujours servir.

Un serviteur vient justement me chercher. Je me rends à la salle du trône pour tout raconter au Prince. Landre d’Angerieux contemple son médaillon. Il me félicite, mais soucieuse de rester honnête et juste avec mes égaux, je lui révèle la vérité. Il reste cependant satisfait de mes services, a fait courir le bruit comme quoi je suis la personne ayant trouvé le remède, et va même jusqu’à me nommer chambellan ! Je le remercie avec sincérité. Il en profite pour nommer Thibault de Mauvernay sénéchal du comté, et Sire Baudri prévôt.

Le Vénérable entre à son tour, pourvu de nouvelles prothèses flambant neuves, confectionnées par Baudri, et présente ses hommages obséquieux au Prince. Le Vénérable fait allusion à une personne qui « l’aurait trahi », donc Adélaïde, et lui assure qu’elle n’aurait pas trouvé Caïn. Némésis a bien connu la Mort Ultime, après avoir été mis en torpeur par le Druide, le Vénérable et Landre d’Angerieux. Or, pendant sa torpeur, il est entré en contact avec le « premier traître », soit Lucifer. Lucifer, l’archange qui a trahi Dieu, rien que ça ! Lucifer a proposé un pacte avec Némésis pour en faire un démon, un héraut de l’Enfer. Le Vénérable fait alors allusion à une « erreur de jeunesse » du Prince, que Lucifer aurait exploitée.

Quand Valère d’Abbeville cite le nom d’ « Adélaïde », le Prince lui jette un regard si terrifiant que le Tzimisce tombe aussitôt à terre en tremblant de tous ses membres. Le Nosferatu insiste, à tel point que le Prince l’invite à parler. Le Nosferatu murmure : « le lien ». Le Prince a succombé au lien de sang avec son Infante. Le Prince se défend en disant que le lien est réciproque, mais le Nosferatu, amusé, secoue la tête. Baudri suggère qu’Adélaïde serait inaliénable, et le Vénérable acquiesce avec un méchant sourire.

Le Prince refuse de rompre ce lien de sang. Il reprend son médaillon pour le contempler. Le Vénérable se relève alors, et va pour le lui arracher. Baudri, Valère et Thibault tentent de s’interposer. La mêlée est brève, mais violente ! Le Nosferatu s’empare du médaillon, et ordonne qu’on enferme le Prince. Valère d’Abbeville lui enfonce un pieu dans le cœur, le mettant instantanément en torpeur.

Le Vénérable nous révèle tout ce qu’il a découvert. Il déchire le mot trouvé la veille, en disant qu’il n’est pas l’instigateur de ce complot avant de nous raconter toute l’histoire de la relation entre Landre d’Angerieux et Adélaïde.

Le Prince serait tombé amoureux fou d’une jeune fille, il en a fait son Infante. Le problème était qu’elle ne l’avait jamais aimé en retour, n’y voyant qu’une opportunité de grappiller le pouvoir. Elle l’a convaincu de faire un lien de sang mutuel, sauf qu’elle savait déjà qu’elle était immunisée à tout lien. Elle l’a convaincu de l’envoyer à Paris pour qu’elle soit formée. Le Druide et le Vénérable voyaient déjà qu’il y avait quelque chose de louche, et en ont parlé à d’Angerieux, qui a fait la sourde oreille. Or, à Paris, Dame Adélaïde avait charmé un chef mercenaire, Kaiser, et avait convaincu la Cour de Paris de mener une purge contre un village protestant, village où se cachait un Ancien. Elle a finalement utilisé ses pouvoirs contre son propre sire, et créé des troubles dans le domaine pour mieux en prendre le contrôle.

Elle est entrée en contact avec les Baalis par l’intermédiaire d’une bande de Ravnos, puis a voulu faire le ménage en liquidant le village de gitans. La première messagère d’Adélaïde, la vieille sorcière Ravnos, court toujours – Thibault et Valère l’ont laissée partir.

Le Vénérable confesse alors avoir détruit le Druide, mais explique que ce dernier avait lui-même succombé à la folie de Lucifer et était devenu un enragé avide de destruction. Le Nosferatu explique alors que le cardinal Ezio de Gênes connaîtrait un rituel pour rompre les liens de sang, et que donc, Dame Adélaïde voudrait le tuer pour s’assurer que le Prince d’Angerieux ne puisse jamais briser le lien.

Le tocsin retentit alors, et des cris parviennent à nos oreilles. Nous sommes attaqués par une bande de godelureaux encapuchonnés. Baudri jure de rage en voyant au premier rang le redoutable Némésis. J’ai alors une idée. Je vais leur montrer la toute-puissance du Clan Tremere !

Je me précipite vers l’église, monte sur le toit, et me concentre comme jamais je ne me suis concentrée. Tout en marmonnant des formules complexes, je touche de mes mains délicates les statues de gargouilles posées le long du rebord, caressant tendrement la joue de l’une, cajolant le flanc de l’autre. Je sens que je brûle une quantité d’énergie de vitae que je n’avais jamais mesurée de toute ma non-vie de Vampire. L’orage gronde, la pluie battante me lacère le visage, mais je tiens bon, et bientôt, quatre des statues grimaçantes prennent lentement vie dans de grands craquements. Elles approchent de moi, sans peur, je les serre amoureusement dans mes bras l’une après l’autre, puis je me dirige vers la barrière. Je repère la silhouette flamboyante de Némésis. Je murmure d’une voix douce, mais ferme : « tuez-le ».

Les quatre statues se jettent dans le vide, et plongent dans la mêlée. Je suis alors secouée d’un ricanement démentiel quand je vois mes compagnons de coterie se battre tous plus vaillamment les uns que les autres. Je repère Loki, côte à côte avec Baudri, Thibault et d’Abbeville, faisant face à Némésis en personne.

L’épée de Némésis traverse Loki qui tombe à terre. Non ! Le croisé sénéchal se lance en avant, et frappe de toutes ses forces le héraut de l’Enfer. J’ordonne par la pensée à une des statues de ramener Loki près de moi, et les trois autres se jettent sur Némésis. Je ne pense pas qu’elles le blesseront sérieusement, mais au moins, ça détournera son attention. Baudri se bat furieusement contre son ennemi juré, et brise son épée. Le Baali le repousse, et tend le bras, permettant ainsi à sa lame de se rematérialiser. Valère revient à l’attaque. Puis Sire Thibault d’Abbeville attaque derechef, suivi par Sire Baudri. Je ne vois pas les détails de là où je suis, mais je devine qu’il s’agit d’un combat particulièrement acharné.

Enfin, ma quatrième statue près de moi ramène Loki sous un bras, et un cadavre encore plein de sang sous l’autre. Loki est très salement blessé, le combat contre le démon l’aura vraiment mis à mal ! Il a dû sentir sur son cou le souffle de la Mort Ultime. Je m’apprête à plonger la tête du Gangrel directement dans la blessure béante qui a déchiré le torse du combattant pour lui permettre d’au moins reprendre connaissance, mais quelqu’un arrive alors pour m’en empêcher. Je reconnais, surprise, Sire Gaunter, le mercenaire de Dame Adélaïde. Je lui crache au visage : « redescendez au combat, faites votre besogne et laissez-moi faire la mienne ! » Pour toute réponse, il pose sa main sur mon épaule. Je suis alors saisie d’un vertige, alors que je sens comme un battement sourd dans ma poitrine, et je m’évanouis.

*

Loki me réveille au bout d’un temps indéfinissable de quelques claques. Il semble en pleine forme, mystérieusement. La bataille est terminée, nous avons tous gagné. Mais il me faut des réponses. Furieuse, je descends dans la salle du trône et demande où est Sire Gaunter ? Personne ne peut répondre, mais Baudri affiche un petit sourire mystérieux.

Le Vénérable est aussi satisfait de l’issue de la nuit. Il propose de nous offrir une escorte pour aller à Gênes.

Je suis votre très humble servante. Gloire à Zarathoustra, gloire à Tremere !
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Récits de la Coterie du Forez Empty Dernière missive

Message par SPX Spécial Lun 4 Mar 2019 - 20:09

À l’attention de Maître Alexandro de la Fondation du Cœur Ardent de Delphes, mon Sire,

Moi, Dame Héloïse, suis au regret de vous annoncer que mon Infante, Bérénice du Clan Tremere, n’est plus.

J’ai bien peur que nous n’ayons surestimé sa capacité à évoluer dans le Monde des Ténèbres. Sa plus grande erreur a été de ne pas se plier aux règles autant qu’elle aurait dû, en utilisant toutes les cartes. Son attitude me semblait honorable, mais aussi fort candide, et ce monde n’accorde pas de place à la candeur. Quiconque n’est pas prêt à jouer les jeux d’intrigues que nous autres Tremeres pratiquons comme nous respirons finit par être écrasé par quelqu’un de moins scrupuleux. Son honnêteté proche de la naïveté lui aura coûté la non-vie.

Il m’a fallu quelques jours pour recouper les divers témoignages, et je vais vous livrer à présent, avec votre permission.


La Coterie était arrivée à son objectif final, en retrait, non loin de Gênes. Et la catastrophe semblait imminente.

Grâce à un rituel de vision par procuration, Léothéric Duval réussit à voir ce que préparaient leurs ennemis. Dame Adélaïde se trouvait dans les murs de Gênes, et avait pris le contrôle de toute la ville. Par un moyen inconnu de mon Infante, elle était protégée par Lucifer en personne, ainsi que par l’Érudit du Clan Brujah, et une dizaine de Tremeres, ceux de la fondation de Gênes. Léothéric prétendait qu’elle était en possession du Livre de Nod. Et pas une vulgaire copie, mais l’authentique ouvrage qui contiendrait une goutte de sang de Caïn.

Caïn était donc quelque part dans la ville, mais il n’était pas possible d’entrer dans son tombeau. Adélaïde et ses sbires tentaient d’y pénétrer par tous les moyens.

Toutes les cloches de la ville sonnèrent à minuit, indiquant l’urgence de la situation. La meilleure chose à faire était d’entrer dans les égouts, protégés par un rituel d’occultation de Léothéric. L’infante de Thibault de Mauvernay les accompagnait. Dans les tunnels sombres et malodorants, il n’y avait ni Nosferatu, ni le plus petit rat. De temps en temps, on voyait flotter un cadavre, parfois en plusieurs morceaux. Au loin les attendait Valentin, la goule de d’Abbeville. Il prétendit avoir trouvé une planque « dans la maison d’un habitant acquis à notre cause ». Il semblait sincère, mais le Tzimisce resta sceptique, il sentit sa goule trop détendue. Valentin prétendit derechef avoir trouvé « de puissants alliés », plus exactement le Père Faggio.

Une fois à la surface, la Coterie arriva jusqu’à la demeure du Père Faggio. C’était un monastère carré, relativement simple. Bérénice n’y entra pas directement, mais voulut effectuer une nouvelle fois le rituel de la Langue de Bois sur la porte principale pour savoir si la goule de d’Abbeville avait été ensorcelée d’une manière ou d’une autre. Mais ça ne marcha pas ! Quelque chose l’empêchait d’utiliser l’art de la Thaumaturgie ! Indignée, elle s’énerva. Baudri montra alors une statue au-dessus de la porte. Celle de la Vierge Marie. La frustration de mon Infante redoubla, et elle s’exclama : « oh, pitié ! Pas cette traînée infidèle qui a cocufié son mari et qui a inventé des histoires abracadabrantes pour… » mais elle n’alla pas plus loin. D’Abbeville lui flanque une talocha pour me faire taire.

- Faites attention à vous, nous sommes en présence de gens qui tiennent à leur religion, lui conseilla Baudri.
- J’ai dû choisir entre l’Étreinte et le bûcher pour sorcellerie, à cause de ces gens-là, j’ai déjà eu mon comptant d’ennuis !

Le Père Faggio arriva. Il semblait débordant de bienveillance. C’était un ancien étudiant au service du Cardinal Ezio, devenu un inquisiteur exorciste. Bérénice ne le regarda même pas. D’après lui, les cadavres étaient le fait de la Reine des Épines. Dame Adélaïde avait découvert ce que cachait l’Ordre du Saint Secret, l’ordre auquel appartenait le Père Faggio. Cet Ordre avait été créé avec l’aide d’Anciens pour cacher le corps de Caïn. L’accès à la crypte était protégé par répartition : plusieurs membres du Clergé connaissent juste une partie de la clé du code d’entrée, et toutes les clés étaient nécessaires pour entrer.

Ce cloître était le dernier refuge qu’Adélaïde ne connaissait pas. En tout cas, elle ne savait pas que ce monastère contenait des membres de l’Ordre du Saint Secret. Et encore, il n’y avait plus que trois ou quatre membres de cet Ordre dans Gênes.

Trois énigmes scellaient la porte, Adélaïde avait le code de deux d’entre elles. Le Père Faggio proposa de donner la partie qu’il connaissait à la Coterie. C’est là que Bérénice se montra imprudente : elle se demanda, à voix haute, si ce n’était pas une bonne occasion d’en connaître plus sur Caïn ? Baudri s’y opposa, et Thibault la rabroua. Cela dégénéra en une violente dispute durant laquelle mon Infante laissa éclater sa colère contre l’Église, ses superstitions qui poussent les ignares à massacrer des femmes et des enfants dont le seul crime est d’avoir une interprétation différente de leurs écritures. Thibault manqua de la faire taire d’un coup d’épée, mais les autres parvinrent à le retenir. Baudri supplia presque Bérénice de se calmer, en jetant des coups d’œil nerveux en direction de la statue.

Les affaires reprirent. Il eût été dangereux de détruire ce secret, d’après le Père Faggio, et l’enfermer définitivement serait perdre quelque chose. Mais il expliqua que si Lucifer posait un pied dans ce monde, « nous pourrions intervenir. »

Le Père Faggio expliqua que Dieu a décidé de priver Caïn de l’Enfer. Lucifer serait donc furieux de ne pas avoir pu goûter une âme aussi noire, et voudrait donc se venger en provoquant l’Apocalypse.

Baudri pourrait sceller définitivement le tombeau, grâce à une arme qu’il aurait passé des années à forger en secret, et dont il manquait juste un éclat de métal divin qu’il aurait dernièrement reçu de l’Archange Gabriel. Pardon ? Oui, l’Archange Gabriel serait entré en contact avec le forgeron. Et avec Bérénice, c’était Sire Gaunter.

Le Père Faggio dit alors à la Tremere avec un sourire « je conçois que vous ne croyiez pas en nous, mais laissez-moi vous faire un petit cadeau ». Il fait un petit geste, mais rien ne se passa.

La crypte de Caïn était dans la cathédrale Saint Lorenzo, complètement corrompue. Même un ange pourrait disparaître en y mettant juste un pied. Et comme Adélaïde était dans cette cathédrale avec ses alliés, y aller sans S’y préparer aurait été pour la Coterie la Mort Ultime assurée.

La Coterie infiltra le palais d’Adélaïde pour en retirer le maximum d’informations. Nous nous y préparons. Notamment Baudri accomplit devant nous quelque chose d’incroyable. Il refaçonna l’armure de Thibault de manière à l’alléger, mais le travail qui aurait dû prendre une journée fut accompli en à peine une minute, ses mains virevoltèrent littéralement en accéléré.

Avant de partir, Bérénice confia à Valère d’Abbeville un petit objet qu’elle avait confectionné pendant notre trajet jusqu’à Gênes : une patte de corbeau à laquelle était attaché un œil. Cela lui permettrait de voir à distance, et donc, de suivre ce que ses compagnons allaient faire.

Ils arrivèrent sur les lieux. Le palais était à peine à deux cents mètres de la cathédrale. Bérénice eut alors une idée : Léothéric l’accompagna sur le parapet en la prenant dans son ombre d’occultation pour éviter les patrouilles de goules avec chiens-goules. Une fois en haut, elle se concentra, et ne fit littéralement plus qu’une avec la muraille. De là où elle était, elle pouvait voir toute la cour, et animer des statues pour s’occuper des goules en cas d’alerte. Hélas, rendue nerveuse, elle eut du mal à se concentrer, et parvint à peine à se statufier grossièrement près d’une statue déjà existante. Elle n’allait pas pouvoir utiliser ses Disciplines sans reprendre sa vraie forme.

Baudri esquissa quelques gestes, et fit léviter les autres. Une fois encore, Léothéric avait transmis un secret Tremere à quelqu’un qui n’était pas du Clan ! Et donc, Baudri amena les autres vers une fenêtre pour attirer l’attention de quelqu’un. C’était l’Érudit. Mais le Sire Brujah ne mordit pas à l’hameçon. Par contre, l’on vit un livre passer par la fenêtre. Il avait l’air de s’énerver. Les compagnons de Bérénice entrèrent dans la chambre pour la fouiller en l’absence de l’Érudit.

Dans la cour, il y eut de l’agitation. Les compagnons de mon Infante sortirent alors, et l’emmenèrent en volant jusqu’au monastère. Baudri présenta un coffre en bois avec des épines d’obsidienne. Apparemment, il contenait quelque chose qui sentait le soufre. Le Père Faggio refusa de prendre le risque de l’ouvrir, de peur que ça l’affaiblisse.

Valère d’Abbeville expliqua qu’il a entendu qu’Adélaïde avait besoin de « celui qui l’a aimée en premier » pour accomplir son rituel. Léandre d’Angerieux ? Cela expliqua le message de Loki du Clan Gangrel qui venait d’arriver, comme quoi le Toréador déchu se serait sorti de sa torpeur et aurait disparu.

À la demande des autres, Faggio ouvrit le coffret. Il tendit la main, marmonna une incantation, et le coffre se disloqua de manière dégoûtante et fascinante à la fois. Son contenu était constitué de deux petits objets : un pendentif et une petite boîte à musique. Le pendentif dissimulait un tout petit miroir qui ressemblait à celui du Prince. Bérénice fit parler la Langue de Bois à la boîte à musique, et se concentra suffisamment pour lui poser deux questions.

Cette boîte à musique était une parcelle d’âme d’enfant innocent, peut-être la dernière brise d’innocence de la Dame. Bérénice lui demanda : « qui t’a créé ? » elle répondit, d’une petite voix, « Papa ». Bérénice lui demanda ensuite « Qui t’a mis dans cette boîte ? », la boîte dit « c’est moi ».

De la même façon, Bérénice interrogea le pendentif, et s’ensuivit la « conversation » suivante :

- Qui t’a créé ?

Une image de Landre d’Angerieux apparut dans la petite surface polie.

- À quoi sers-tu ?

Une rose noire très épineuse se cristallisa dans le reflet.

- Pourquoi es-tu caché ?

Cette fois, ce fut le visage d’Adélaïde, figé, bloqué dans une expression épouvantable, qui brunit la surface lisse.

- Comment peut-on te rendre à Adélaïde ?

Image de Bérénice tenant le pendentif à bout de bras vers la Toréador.

La Coterie comprit alors ce qu’il fallait faire : jouer de la musique de la boîte à musique pour confronter Adélaïde à quelque chose de beau, ce qui déstabilise généralement les Toréadors, puis la forcer à voir son image dans le miroir du pendentif, ce qui devrait la détruire.

Les cloches du palais se mirent à sonner. Adélaïde avait compris qu’un indésirable avait fouillé dans ses affaires. Et le jour n’allait pas tarder à se lever.

La Coterie savant que le Prince Landre d’Angerieux était en route pour rejoindre son Infant à Gênes. Il était habité par des énergies aussi puissantes que ténébreuses, et courait sans ralentir malgré le pieu planté dans son cœur et le soleil. Les Caïnites l’attendirent en embuscade en dehors de la ville. Valère d’Abbeville prit à nouveau la forme du Zulo. Et effectivement, d’Angerieux arriva. Léothéric et Baudri, cachés derrière des arbres, frappèrent simultanément au niveau de ses jambes au moment où il passa. Les deux jambes du Toréador furent sectionnées sur le coup. Bérénice tenta de lancer le rituel des Entraves Invisibles, sans succès. Mais d’Abbeville trancha le bras du Toréador. Baudri le força à boire de l’eau bénite. D’Angerieux vomit des litres de sang noirâtre, et perdit connaissance.

Les membres de la Coterie le ramenèrent au cloître. Ils n’eurent cependant pas tellement le temps de se demander quoi en faire, car un grand bruit résonna dans le clocher. Des Gargouilles Tremeres volaient au-dessus du monastère, et à proximité de la zone bénie, perdaient toute vie et s’écrasaient sur la construction, tels de monstrueux boulets de trébuchets.

Dehors, devant le bâtiment attendait toute une foule, des chiens-goules, et cinq Tremeres en robe à pentacle faisaient de grands gestes pour orienter les Gargouilles.

Léothéric se jeta au milieu des Tremeres et créa un feu spontané. Baudri brandit son épée et clama une prière, ce qui fit convulser les chiens infernaux. Dix d’entre eux tinrent bon, néanmoins, et repartirent à l’attaque. Le Brujah les massacra. Thibault de Mauvernay se lança à son tour dans la mêlée et fracassa les chiens. Bérénice courut vers un groupe de Gargouilles désormais inanimées, et fit appel à la Thaumaturgie pour animer l’immobile. Quatre Gargouilles se redressèrent, et terminèrent de broyer les chiens.

L’Érudit sortit de la mêlée, l’air affreusement déçu, et s’avança vers la Coterie. Nos Caïnites coururent se mettre à l’abri du monastère. Baudri resta en avant pour faire face au Brujah, et un court dialogue s’ensuivit entre le disciple et le mentor. Le Sire Brujah s’éloigna, dépité. Mais il revint un instant plus tard en projetant à la force de ses bras des pans entiers de muraille sur le clocher !

Baudri accepta finalement de suivre son Sire, et tous deux se dirigèrent vers la cathédrale. Les autres membres de la Coterie les talonnèrent discrètement, mais au préalable, Bérénice prit la boîte à musique, tandis que Valère, repassé en forme humaine, garda le pendentif.

La Coterie entra dans la cathédrale, discrètement. Les Vampires virent Baudri, de dos, qui se mit à boire quelque chose. Devant lui, Dame Adélaïde en personne était assise sur un immense trône de bois noir décoré de nombreuses épines. Et c’est alors que Bérénice, comme les autres, fut brutalement saisie d’un vertige. Elle tomba sous le charme, mais se reprit finalement, avec toutes les peines du monde, elle sortit de sa poche la boîte à musique, et avec toute la volonté qu’elle fut capable de déployer, tourne ala petite manivelle. Aussitôt, Dame Adélaïde arrêta son sermon, et tourna la tête vers mon Infante, avec une grimace surprise. L’Érudit tenta de frapper Baudri, mais l’élève dévia de son bouclier le coup du maître.

Grâce à la mélodie de la boîte à musique, le sort fut rompu. La bataille finale fut un déferlement de violences ! Une terrible pluie de coups de l’Érudit s’abattit sur Baudri, qui encaissa les coups. Léothéric se jeta sur Adélaïde et la blessa. Celle-ci le maudit au nom d’un démon du nom d’Adramenech. Thibault s’élança en avant et flanque un terrible coup d’épée sur la Dame diabolique, puis un deuxième encore pire, dans le thorax.

Baudri attira alors son attention avec un « Thibault ! » et lui jeta son épée enchantée. Le croisé la rattrapa, et frappa une dernière fois la Toréador avec. La Dame tomba au sol. Valère d’Abbeville se précipita vers elle, et lui mit le pendentif sous le nez. Devant ce spectacle, elle cria d’une voix si stridente qu’elle fit éclater le pendentif et la boîte à musique.

Lamentablement, Adélaïde se traîna vers la sortie en rampant. Un tourbillon de fumée s’éleva de derrière elle, et laissa apparaître un personnage plutôt inquiétant : un homme avec la peau rouge, des cornes, et des pattes de bouc. La Toréador lui ordonna d’attaquer ses ennemis. Il ne lui obéit pas, mais avance vers elle en tendant les mains, avec un ricanement réjoui. Adélaïde essaya d’accélérer jusqu’à la porte, mais Bérénice la retint avec le rituel des Entraves Invisibles. Et, cela la défoula, à la question qu’hurla la Toréador : « mais qu’est-ce que vous faites ?! », mon Infante répondit avec un sourire cruel : « on fait le ménage, connasse ! » Lucifer, car c’était bien lui, agrippa la femme, et l’entraîna dans le puits de fumée. Les deux silhouettes disparurent.

Enfin, le calme revint dans la cathédrale. Et un individu à l’aura lumineuse étincelante apparut à la Coterie. Il fit coulisser un panneau mural, et révéla une ouverture dont sortait une éblouissante lumière. Il invita Baudri du Clan Brujah à obtenir sa juste récompense. Le forgeron allait donc partir vers le Paradis rejoindre les anges, accomplissant ainsi sa rédemption.

L’ange fit alors un petit geste vers Bérénice. « Je suis certain que les mortels vous seront reconnaissants pour ce qui se trouve dans votre sacoche. » Mon Infante fouilla dans ses affaires, et trouva, surprise, la formule du remède contre la peste, écrite de sa main, alors qu’elle n’avait jamais imaginé de telles formules.

Ainsi, tout était terminé. Mais avant de quitter la cathédrale à son tour, Léothéric se tourna vers mon Infante.

- J’espère que vous n’allez pas prévenir vos supérieurs, Bérénice. Ce serait dommage.
- Vous avez raison, Léothéric Duval. Je ne vais pas prévenir mes supérieurs. C’est déjà fait.
- Plaît-il ?
- Ils sont en route, et vont venir vous poser quelques questions. Il va falloir répondre de vos actes.

Ce fut une nouvelle erreur de mon Infante, la dernière. Sans autre forme de procès, Léothéric sortit en un éclair son épée, et l’enfonça dans le ventre de Bérénice qui s’écroula. Personne ne réagit, ni n’intervint en faveur de l’un ou de l’autre.

Mon Infante roula par terre, se renversa sur le dos, le sang lui sortant par la bouche. Satisfait, le Tremere renégat se planta devant elle, et ricana :

- Avant de partir, sache que celui qui a brûlé ton laboratoire, c’était moi !
- Je le savais… pauvre idiot !

Tels furent les derniers mots prononcés par Bérénice du Clan Tremere. Léothéric abattit sa lame sur son cou et lui trancha net la tête, la précipitant dans la Mort Ultime.



Et voilà. Telle est l’issue de la mission de Bérénice, certes regrettable, mais prévisible.

Je pensais avoir trouvé la bonne personne. Je pense avoir trouvé la bonne personne. Là où je me suis trompée, c’est en l’éloignant de Delphes. Il aurait fallu la garder près de nous, et pas l’envoyer si loin, au milieu de gens qui lui ont été hostiles dès la première minute. Bien sûr, elle a commis des erreurs, des erreurs parfois de débutante. Elle n’aura pas été suffisamment méfiante envers les autres. Ce sont les règles de ce jeu. C’est un jeu mortel, mais il vaut le coup d’être joué, pour peu qu’on en respecte les règles et qu’on en utilise toutes les cartes.

Je comprendrais que vous soyez quelque peu contrarié envers moi, que vous me mettiez à l’amende pour m’être trompée et avoir confié le Baiser de Caïn à une personne qui, hélas, ne s’en est pas montrée digne. Je me soumettrai à votre jugement. Et si, un jour, vous m’accordez tout de même la permission d’engendrer un nouveau Tremere, je tâcherai de choisir un candidat avec le cœur plus endurci.

Une dernière chose concernant ce Léothéric Duval : il est évident que c’est un apostat à notre Clan. Il est vraisemblablement plus dangereux que je ne croyais. Il est très probable qu’avec un complice du Clan Tzimisce capable de modeler la chair, il disparaisse très rapidement en changeant de nom et de visage. Peut-être même qu’il va quémander la protection d’un Clan qui nous aime encore moins que la moyenne.

Je vous incite à rester très prudent, et à faire passer le mot à tous les maîtres des Fondations avec qui vous êtes en bons termes. Cet individu ne doit pas souiller le nom de Tremere plus longtemps. Nous le retrouverons, et il paiera pour ses multiples trahisons.

Loué soit le nom de Zarathoustra, longue vie au Clan Tremere !
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