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Journal des aventuriers

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Message par Gildor Mar 5 Juil 2016 - 13:58

Le samedi 11 juin 2016 eu lieu au club Arcanes de Champigny une partie de jeu de rôles du célèbre Donjons et Dragons, édition 3.5, début d’une campagne. Je commence ici le récit des aventures de ce nouveau groupe en espérant qu’elles se poursuivront longtemps.

Pour une narration plus immersive, je raconte l’histoire du point de vue de Raynar, mon personnage. Je tenterai bien sûr de ne pas centrer le récit sur lui, vu qu’il n’est qu’un membre du groupe.
Néanmoins, aussi bien à cause de la narration à la première personne qu’à notre naturelle tendance de penser avant tout à notre petite personne, vos personnages pourraient paraitre relégués au second plan.
Veuillez donc m’en excuser par avance et ne pas hésiter à me rappeler des éléments que j’aurais zappé.

Je distingue dans mes écrits deux personnes :
- Raynar, le conteur
- Moi-même, traducteur à qui on a confié ses écrits pour la diffusion en langue humaine qui, je cite, « n’est pas foutue de distinguer correctement les pierres ». J’interviendrai parfois sous la forme de note en bas de page.
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Journal des aventuriers Empty 1. Comment gâcher une fête

Message par Patrice Mer 13 Juil 2016 - 0:39

Beuh, dure réalité de la loi de marché. Nous avions pourtant de bons clients, mais voilà-t-y pas qu’ils ont décidé de se fournir ailleurs. On est trop cher, paraît-il. Ces péquenauds préfèrent une basse qualité pour les refourguer au prix du beau à d’autres imbéciles. C’est bien une mentalité d’humain, tiens ! Préférer la quantité à la qualité…

Je m’attends presque à en voir un s’exclamer qu’il a trouvé de l’or en regardant du cuivre !

Enfin, perte de clientèle signifie recherche de nouvelles voies commerciales, sinon le clan des Cherchegemmes allait connaitre de sévères difficultés. Comme je suis sous la protection de Saint Marthammor Duin[1], les anciens se sont tournés vers moi, Raynar Ecu-de-Pierre. Ça tombe bien, je dois encore procéder à mon rite de passage adulte : trouver de nouvelles richesses. C’est donc de fort bonne grâce que je me suis plié à leur désir et, quittant pour la première fois mes chères cavernes, je suis parti vers le nord à la recherche de clients pour nos magnifiques gemmes.

Après une semaine de marche sans histoire, louée soit la protection de mon dieu, je suis arrivé en vue du village humain de Cent-liesses. D’après quelques voyageurs croisés en route, une fête annuelle de trois jours était sur le point de commencer pour la célébration des vendanges. La population, environ 200 personnes habituellement, passe alors à 400. Une belle foire en perspective, un environnement idéal pour se faire de nouveaux contacts.

Je franchis enfin la dernière crête, dominant le village. Une cinquantaine de maisons disposées en un disque coupé en deux par une rivière de quelques mètres de large, trois ponts permettant de franchir cet obstacle naturel. Les vignes s’étendaient elles aussi en cercle tout autour du village. Me léchant les lèvres à l’idée de goûter leur vin, j’allais m’élancer pour franchir les derniers kilomètres, quand je vis un spectacle étrange. Un autre nain marchait sur la route et un loup courait à travers les vignes, droit sur lui !

N’écoutant que mon courage, je me précipitai à son secours, le célèbre cri de guerre des Cherchegemmes résonnant dans les airs[2]. Impressionnée, la bête détala ! J’eus la surprise de la voir rejoindre un être étrange. La silhouette était celle d’un jeune humain, mais l’allure ne correspondait pas à ce que je connais de leur civilisation. Il disparut avant que je puisse poursuivre mes investigations.

Je saluais mon compatriote et fit ainsi la connaissance de Lanick et de son corbeau parlant Teylar. Pas besoin d’aller plus loin, j’avais compris que j’avais affaire à un de ces foutus magiciens incapables de laisser la magie aux dieux. Comme moi, il était en recherche de voie commerciale pour son clan. Un concurrent potentiel ? A priori non : il semble n’avoir aucune spécialité. Il serait donc moyen en tout alors que moi je serai le meilleur en gemmes !

Débouchèrent alors sur le chemin deux autres individus, un humain et un demi-orque, chacun à l’allure de farouche guerrier. En fait, on aurait dit que ce serait à celui qui tente la tronche la plus intimidante ! Ils se présentèrent comme Raoh et Dench. Une dispute éclata soudain entre ces deux tas de muscles : d’après ce que je comprenais, Raoh avait vu sur Dench un anneau ayant appartenu à Lia, sa femme disparue. J’allais regretter de ne pas avoir de bière à déguster en assistant à l’impact de ces deux mastodontes, quand je sentis un petit titillement… Foutue obligation morale ! Dans une dispute entre deux compatriotes, pas de problème. Mais avec ces deux géants, ça allait être une autre paire de pinces[3]. Heureusement, j’ai mon armure.

Je réussis à calmer le jeu avec une astuce qui ne marche qu’avec les esprits simples : aller boire un coup[4] au village qui n’est plus qu’à quelques kilomètres. Proposition rapidement acceptée, et nous pûmes nous remettre en route. Sur le chemin, je compris que Lia avait été enlevée et que Raoh la cherchait. Elle serait justement passée par le village de Cent-Liesses après avoir croisé le la route de Dench. Émouvante histoire, mais qui ne me concerne pas.

Précision importante : c’est avec joie que je serais venu en aide à un amoureux cherchant sa belle, mais Raoh ne me semble pas à ranger dans la catégorie faible innocent à secourir. J’aurais même tendance à penser qu’une proposition de ma part l’offenserait. Je préférai donc attendre une éventuelle demande de sa part.

De toute façon, il semble que nos routes soient amenées à se séparer : Lanick engagea ces deux brutes comme garde du corps. On voit bien la faiblesse innée des magiciens, incapable de faire confiance en leur propre capacité.

Arrivés à Cent-Liesses, nous découvrîmes une vraie foule ! Après nous être rincés le gosier avec leur vin (il ne vaut pas la bière de mon clan, mais il est vraiment intéressant), nous pûmes commencer nos affaires.

Lanick partit en compagnie de ses deux employés pour aller voir Zaak, le bourgmestre. De mon côté, voulant économiser de l’argent qui m’avait été confié, je montai un stand de premier secours. Entre deux bobos, je réfléchissais aux perspectives. Il était évident que ce village n’était pas assez grand pour assurer des achats continus de gemmes. Par contre, nous pouvions leur acheter de leur vin pour le revendre à nos contacts au sud. Sans être un grand connaisseur, j’avais compris qu’il était vraiment exceptionnel pour un vin humain et que nous pourrions en tirer un profit intéressant.

Mais dans l’immédiat, il me fallait me concentre sur les gemmes, notre ressource première. Je rendis donc visite aux marchands de bijoux qui s’étaient eux aussi déplacés spécialement pour la foire. Leur présentant mon échantillon (mais bien sûr en gardant sa cachette sur ma personne secrète), je leur offris la possibilité d’un achat direct de matière première sans intermédiaires. Ils furent très intéressés et nous convînmes de nous retrouver après la foire et je les emmènerai aux anciens de mon clan pour les négociations.

Le soir arriva et avec lui la traditionnelle épreuve changeant tous les ans. Cette année, il s’agissait pour les deux protagonistes de démarrer chacun d’un côté du pont, s’élançant l’un sur l’autre. Le but était bien sûr de faire tomber l’autre dans l’eau. Inscrit pour pouvoir me faire accepter par la population, j’eu la bonne surprise d’être confronté à Lanick. Empoignant fermement mon bouclier, je m’élançais à sa rencontre, quand je sentis un courant magique me passer sur tout le corps, le sale tricheur ! C’était sans compter la bénédiction de Saint Marthammor Duin qui étendit sur moi sa main protectrice et la magie impie de ce fils de troll ne provoqua qu’un doux chatouillement. Je comptais bien faire avaler ses dents à ce petit présomptueux, quand Zaak tonna à la tricherie. Manifestement, ce rigolo n’avait même pas réussi à être assez discret. Je reconnais qu’il eut la décence de sauter lui-même à l’eau. Sans surprise, Raoh et Dench se qualifièrent pour les épreuves du lendemain.

Le lendemain matin, je pus retrouver Lanick à  la taverne pour le petit déjeuner. J’avais un peu cogité sur les possibilités qu’offrait que l’excellente production locale. Il m’avoua alors qu’il était en pleine négociation avec le bourgmestre pour un marché exclusif et qu’il attendait que ce dernier en parle aux deux autres notables du village : Bertrand le tavernier[5] et Cyd le forgeron. Il me quitta, justement pressé d’aller poursuivre les tractations avec Zaak.

Le sale petit égoïste !

Mais loué soit Marthammor Duin, il avait fait deux erreurs : m’en parler et me laisser avec l’un des notables : Bertrand, simplement accoudé au comptoir ! J’entamai donc mes propres négociations, avec un argument de poids : un paiement directement en pierres précieuses ! Evidemment, il me fallait moi aussi attendre de voir ce qu’en diraient les deux autres, mais j’espérai bien que ce petit coup de gobelin[6] allait taquiner mon concurrent.

C’est alors que retentit dehors un hurlement. Oui, désolé, ça fait effet dramatique à deux quartz[7], mais c’est bien ce que j’ai entendu. Dehors, à quelques pas de la rivière, gisait le corps sans vie et massacré d’un des malheureux concurrent de la veille. A cette heure matinale, nous étions tous les cinq autour du corps : moi-même, Lanick, Raoh, Dench, et cet étrange adolescent humain accompagné de son loup. Je pus le voir de plus près, et il n’était pas ce que j’appellerai un échantillon flatteur de la population locale : extrêmement sale, vêtu en tout et pour tout d’un pagne, c’était à se demander s’il avait eu le moindre contact avec la civilisation, quelle qu’elle soit !

Après examen du corps, je découvris qu’il n’avait pas seulement été taillé en pièces, mais aussi intégralement vidé de son sang. Quelle bête étrange pouvait faire une chose pareille !? Lanick révéla alors qu’il avait été la cible d’une étrange attaque pendant qu’il prenait son bain forcé. Déduisant que le coupable se cachait dans la rivière, les comparses décidèrent de remonter le courant.

De mon côté, je me consacrai à mes devoirs de prêtre en offrant à ce pauvre hère les derniers sacrements. Je fus grossièrement interrompu par le trio de notables, affirmant que cela n’était pas nécessaire et emportant le corps. Ils semblent avoir des problèmes avec la religion.

Après avoir rejoint le groupe, nous continuâmes à remonter la rivière en scrutant les eaux. Après une petite marche, nous arrivâmes finalement à un lac dans lequel se jetait une cascade.

Si animal il y avait, c’était forcément là.

Hors de question de plonger au hasard dans ces eaux troubles. Heureusement, Raoh eu rapidement un plan d’action : chasser un lapin et attirer la bête avec son sang. Sitôt dit sitôt fait, il partit chasser. Quelques instants plus tard, il revînt avec une chasse des plus prolifiques : un loup dans chaque main ! Une chance qu’il n’y avait pas d’ours dans les parages.

Allez savoir pourquoi, le sauvage local l’a pris de haut et, avec le renfort de son loup, lui sauta dessus. Je n’ai même pas eu le temps de faire chauffer le maïs soufflé[8] que deux ou trois baffes plus tard, nous pûmes passer aux choses sérieuses.

Le plan était simple et prudent : Dench attacha une corde autour de sa taille, que nous devions tenir fermement. Lui-même tenait la carcasse d’un loup au bout d’une corde et faisant tremper la bête dans l’eau.

La pêche pouvait commencer.

Hélas, malgré de nombreux essais, nos tentatives furent vaines. Le sauvageon eu alors une idée : doté de pouvoirs en lien avec les animaux, il pouvait explorer le fond du lac à l’aide d’un poisson invoqué.

Si c’est à ça que ressemblent les prêtres chez les humains, une quelconque remise en question de la valeur des traditions religieuses naines ne serait plus offensante, mais hilarante ![9]

Quelques minutes de concentration plus tard, il nous revînt avec un témoignage des plus étranges : les algues qui tapissent tous le fond de la rivière ainsi que le lac l’avaient attaqué ! Sur cette étrange déclaration, nous ne pûmes qu’admettre que nos investigations n’avançaient pas et décidâmes de rentrer au village.

Une fois rentrés, j’attendis que Lanick retente sa chance avec le bourgmestre pour reprendre mes propres démarches commerciales avec le tavernier. C’est alors que je fis une découverte stupéfiante. Malgré ses dires, un milliers de petits détails ne pouvaient échapper à mon œil acéré : yeux dans le vague, fuyant, ton de la voix, port de tête, le doute n’était pas permis.

L’aubergiste n’avait AUCUN intérêt pour le prix de vente de son vin. Je sais bien que les humains ne sont pas des lumières, mais là ça allait vraiment trop loin. Je décidais aussitôt d’en parler aux autres, et tant pis pour le jeu de la concurrence. Saint Marthammor Duin me susurrait à l’oreille que j’avais levé un vrai filon de gromril[10].

Les retrouvant rapidement, j’appris que Lanick avait fait exactement le même constat pour le bourgmestre. Cette fois, plus question de prendre des pincettes. Nous nous dirigeâmes chez le troisième comparse, le forgeron Cyd. Usant d’un sortilège de charme (mais quels vicieux ces magiciens !), Lanick l’interrogea sans peine. Il apparut que la mort de la femme du bourgmestre, un an plus tôt, était à l’origine de tout. Désespéré, Zaak permit à un sorcier de passage d’user de noirs rituels, celui-lui promettant qu’ils signifieraient le retour de son élue. Cyd nous conseilla alors d’aller examiner les vignes, prêtes, je vous le rappelle, à être vendangées.

Intrigués, nous allâmes les voir de plus près. A priori rien de bien incroyable. Les grains avaient l’air bien gros, parfaits pour une production de vin. J’allais en gouter un quand Lanick fît un mouvement violent, me projetant à terre ! J’allais lui signifier un avis constructif sur ces manières, précédé par une démolition de façade, Quand il me mit sous le nez une graine extraite de la grappe qu’il examinait.

Par le Très Haut et Très Saint Marthammor Duin, jamais je n’aurais même imaginé une telle perversion ! Ce n’était pas une graine, mais un fœtus miniature ! Sous le choc, nous réalisâmes que TOUTES les vignes étaient touchées, et ainsi modifiées !

Quelles étaient ces créatures ? Quel était le but ? Étaient-elles destinées à être broyées dans le nouveau vin, pour je ne sais quel hideux effet sur les innocents buveurs ? Ou bien à grandir à un stade plus avancées ? Ou les deux ? Ou encore autre chose ?

Il était clair que nous nous étions totalement fourvoyés ! Il n’y a jamais eu de créature dans le lac ou la rivière ! Le jeune druide n’avait pas eu la berlue ! C’est bien TOUTE LA VÉGÉTATION DES ALENTOURS QUI A ÉTÉ FRAPPÉES DE MALEDICTION PAR CET OBSCUR RITUEL !!!! D’après Cyd, la femme du bourgmestre sort tous les soirs de l’arbre central du village pour rejoindre son mari. Il allait falloir examiner cela de plus près.

C’est près de ce mastodonte que je réalisai à quel point il est énorme. Ses racines sont si colossales que je pourrais aisément me dissimuler entre elles. Les gosses du village doivent s’en donner à cœur joie. Il est sans doute âgé de plusieurs centaines d’années. Le plus évident était que colosse végétal servait de point d’ancrage à la sombre magie à l’œuvre, mais je préférais m’en assurer.

Genoux à terre je priai mon Dieu, le suppliant de m’éclairer sur la voie à venir. Et dans Sa grande mansuétude, le Saint Marthammor Duin daigna me  répondre : une douce brise venue de nulle part fit bruisser les feuilles du géant végétal. Ma décision était prise : il me fallait me mettre en contact avec l’esprit et pour cela entrer en communication avec l’arbre.

Mes compagnons proposèrent alors de mettre le feu aux vignes pour faire diversion pendant mon rituel, faisant d’un filon deux coups de pioche[11] : diversion et destruction des créatures. J’allais abonder en leur sens, quand un petit frémissement me saisit. Mise à part le fait que le feu risquait de dégénérer et de faire des victimes innocentes, c’était bel et bien la vie que nous allions détruire. Certes, une vie des plus inquiétantes mais et alors, me souffla mon Dieu ? Fondamentalement, qui me disait que ces êtres serait maléfiques ? Marthammor Duin avait bien raison : j’allais laisser ma peur de l’inconnu guider mes actes et anéantir un potentiel de vie.

Je refusai donc cette idée et, me glissant entre les énormes racines, ôtant mes vêtements pour un contact maximum contre l’arbre, j’entrai dans le monde de la méditation. Me fondant mentalement avec l’esprit de l’arbre, je pénétrais au plus profond de son cœur spirituel.  Un esprit humain était bel et bien là. Mais quel était son rôle ? Allait-elle accepter de me parler ? Soudain, elle perçut ma présence. Avec une violence terrible, je fus éjecté de son monde, revenant brutalement dans notre plan d’existence, mon esprit résonnant des deux mots qu’elle avait pu prononcer : SAUVE-MOI !

Prenant à peine le temps de me rhabiller, je fis part à mes compagnons de mes déductions : l’esprit de la femme était bel et bien présent, il n’était pas la source du mal : tel l’arbre, il devait servir de point d’ancrage à quelque chose de sombre, s’incarnant la nuit aussi bien pour se nourrir que pour être fécondé, créant les embryons des vignes.

La nuit était tombée pendant mes investigations, et il était maintenant temps d’interrompre une nuit câline. Avec tout le monde occupé à boire ou à cuver[12], nous n’avions pas à prendre de précautions pour entrer chez le bourgmestre, monter à l’étage et déboucher dans sa chambre. Le spectacle était prévisible.

Allongé sur le lit, les yeux comme drogués, le bourgmestre ne réagit pas à notre bruyante entré. Contrairement à sa pseudo-dulcinée. Un être végétal, de forme vaguement humaine, nous fit face, mugissant des imprécations. Mais ce ne fut rien pour mon Dieu. Implorant son aide, il étendit Sa grâce sur Raoh et Dench, leur permettant un enchainement de coups si puissants et rapide que la créature s’écroula en un tas informe de bois de chauffage prêt à servir ![13]

Un vent spirituel balaya alors la pièce, ne me laissant aucun doute. L’esprit maléfique était bien anéantit, libérant la région et l’esprit de l’épouse du bourgmestre. Concernant ce dernière, la suite fut prévisible : se raccrochant désespérément au souvenir de son amour perdu, le malheureux refusait d’en voir la sinistre perversion et était maintenant complètement choqué, son mental brisé.

Nous n’eûmes aucun mal à faire venir Cyd et Bertrand pour faire le point avec eux. Dans un compte pour les enfants, ce serait le moment idéal pour conclure que tout va s’arranger, n’est-ce pas ? Hélas, ce serait croire au Père Brasseur[14]. Un rapide charme de Lanick permit de confirmer nos soupçons quant aux intentions de ces mauvais menteurs. Que ce soit folie de naissance ou influence du rituel, leur faible esprit humain était complètement détraqué et ils avaient bien l’intention de pousser l’expérience jusqu’au bout. Petit bonus d’une révélation supplémentaire, ils avaient à leur service une bande de brigands pour assurer des sacrifices réguliers, planqué derrière la chute d’eau du lac en amont du village !

Saint Marthammor Duin, les choses n’allaient pas être faciles. Bien des questions me hantaient : l’esprit de la malheureuse n’est plus prisonnier, mais a-t-elle été bien délivrée, ou détruite ? Bien plus préoccupant, les vignes : devions-nous anéantir ces rejetons ou bien leur donner une chance de vie ? Et surtout, qui était ce noir magicien à l’origine de ce cauchemar ?



Raynar Ecu-de-Pierre,
du clan des Cherchegemmes





[1] NdT : nom local de la divinité naine Moradin

[2] NdT : je n’ai pas osé l’écrire ici, il est trop nul…

[3] NdT : expression faisant allusion aux pinces du forgeron, équivalent à « autre paire de manches »

[4] NdT : marche aussi pour les nains puisqu’ils ne refusent jamais un petit coup à boire. Mais je me garderai bien de le préciser à Raynar !

[5] NdA : ça aurait pu être Roger, comme l’aurait fait remarquer mon cousin Zarakaï

[6] NdT : se dit d’un coup vicieux

[7] NdA : une pierre sans valeur, réfléchissez bon sang !

[8] NdT : se dit aussi Popcorn

[9] NdT : je rappelle que l’humour nanesque (et non nanique) est souvent à base de marteaux

[10] NdT : métal TRES précieux

[11] NdT : se dit aussi « d’une pierre deux coups »

[12] NdA : ces humains n’ont vraiment aucune endurance, défaillir dès le premier tonnelet !

[13] NdT : gageons que Dench et Raoh auront une autre interprétation du combat, mais chut…

[14] NdT : équivalent de notre Père Noël
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Journal des aventuriers Empty 2. Et la fête changea de camp [i]

Message par Patrice Sam 23 Juil 2016 - 0:58

J’aurais dû le voir venir ! J’aurais dû me douter de cette possibilité. Aurais-je pu empêcher cela ? Si j’avais fait plus confiance en Marthammor Duin, aurais-je pu changer la marche de cette tragédie ? Car Il me l’avait bien dit : la vie devait être préservée. Qu’avais-je donc à partir en vadrouille alors qu’Il m’avait mis l’essentiel sous mon nez ?

Nous nous sommes concentrés sur le secondaire : les bandits à la solde des trois conspirateurs. En effet, le péril semblait bien là : un groupe d’assassins menés par Bertrand, à l’évidence doté de quelques tour de passe à passe, vu sa disparition soudaine. Heureusement, nous avions une information des plus passionnantes : le passage derrière la cascade du lac.

Son accès ne fut pas aisé, il nous fallut faire un peu de grimpette sur la falaise avant de plonger dans l’inconnu, nos gros durs en avant pour prévenir toute embuscade qui pouvait nous attendre.

Débouchant dans un long couloir naturel à l’étrange éclairage pulsé, nous nous enfonçâmes dans le seul lieu digne d’être habité : sous la terre.[ii] Bien vite, je remarquai que la lumière venait d’étranges champignons. Le sauvageon (je l’appellerai par la suite Mowgli[iii]) connaissait cette espèce particulière ne poussant que dans le noir. Intéressé, j’en pris quelques graines. Cela pourrait servir d’éclairage d’appoint dans nos mines.

Après une longue marche, nous arrivâmes à une bifurcation en fourche, un couloir annexe obscur partant sur la droite. Enfin quand je dis obscur, c’est bien sûr pour mes compagnons n’étant pas doué de nyctalopie. Comment l’homme ne s’est pas fait bouffer dès la sa première nuit dehors restera toujours un mystère pour moi. Marthammor Duin devait avoir eu pitié.

Avec une imprudence consommée, mes compagnons décidèrent d’aller dans le noir, endroit pourtant à l’évidence abandonné. Mowgli utilisa sa magie pour palier à sa faiblesse visuelle et alluma littéralement un caillou. Au moins étions-nous bien encadrés par nos deux brutes et, confiant en la qualité naine de mon armure, je pris également la tête. D’où mon emplacement privilégié pour se prendre ce foutu mur invisible.

Plutôt étrange comme gadget. Je voyais bien le couloir qui continuait, mais je sentais une surface dure qui nous empêchait de continuer[iv]. Pendant qu’il discutait comme des gobelins à l’arrière[v] je pris les choses et mon marteau en main[vi] et appliquai une couche généreuse de technologie naine sur cet obstacle. Qui ne tint plus de quelques coups.

Avec un fort bruit de poterie brisée, ce matériau transparent s’effondra et soudain je sentis une bouffée d’air à l’odeur inhabituelle. Moi qui connaissais bien des senteurs des cavernes, à ma grande honte, je fus incapable de comprendre sur le moment à quoi nous avions échappé. Ce n’est que quelques temps plus tard que je vis ce même gaz utilisé comme combustible. Marthammor Duin, si nous avions utilisé des torches comme le premier humain venu, l’explosion aurait été terrible !

Et bien sûr, ce couloir n’était qu’un piège. Au-delà du mur transparent, ce n’était rapidement plus qu’une impasse.

Revenant dans le couloir principal, nous continuâmes notre route pour tomber sur une nouvelle fourche avec un couloir annexe partant sur la gauche. Une nouvelle fois, nous dévions de l’artère principale pour explorer le secondaire.

Rapidement, nous arrivâmes à un coude sur la droite présentant une étrange configuration : des piques en métal sur le mur de gauche et un couloir de 6m de long montant jusqu’à une porte. Chose étonnante, le couloir en pente était recouvert de marbre.

Les piques montraient de manière évidente la présence d’un piège. Il aurait fallu être un troll pour tomber dedans. Je sais que les humains manquent de subtilité, mais quand même ! D’un autre côté, vu l’idée géniale de Lanick, je me demande si son clan n’a pas été trop en contact avec les races inférieures : et que je monte pour ouvrir la porte, histoire de tomber dans le piège pour savoir ce que c’est, sans attendre que le connaisseur ait fini mon examen.

Je le reconnais : il a vite compris et nous aussi. Actionnée par le levier, la porte se souleva vers le haut d’une dizaine de centimètres, laissant un flot de liquide graisseux se déverser dans la pente, brutalement transformée en toboggan. Il allait s’empaler sur les piques ! Il ne dut son salut qu’à l’interception de Mowgli.

L’odeur de ce liquide n’étant pas sans rappeler le pétrole, nous fîmes une petite expérience. Reculant dans le couloir, bien éloignés des vapeurs qui se dégageaient, nous lançâmes une flèche enflammée. Le résultat flamboyant confirma nos soupçons. Malheureusement, le couloir étant maintenant empli des fumées de combustion, nous décidâmes de reprendre l’exploration de l’artère principale.

Et ce ne fût pas long avant d’être arrêtés par une fissure d’1m50 de large. Ne vous imaginez pas un gouffre sans fin, on voyait bien au fond un liquide à la couleur peu engageante dont s’échapper des fumerolles. De l’acide à tous les coups. Dench était perplexe : pourquoi un obstacle aussi dérisoire ? Ramassant une pierre, il testa ce qu’il voyait en la lançant au-delà de la fissure. Test des plus révélateurs : la pierre rebondit sur une nouvelle paroi transparente juste au bord de l’autre côté de la fissure pour tomber dans l’acide. Une technique de piège subtile : montrer un faux danger pour vous cacher le vrai. Des nains s’en seraient-ils mêlés ?

Problème, nous ne disposions de rien d’assez lourd pour fracasser le mur depuis notre côté. Ce n’était pourtant pas faute d’essayer avec des cailloux détachés de la paroi. Mowgli lança alors un sort de détection magique, qui curieusement se mit à le titiller. Le piège était pourtant évident sans nécessité de magie. Et tout d’un coup, la torche s’alluma[vii]. Encore une fois un piège dans le piège : le couloir au-delà devait être une illusion. Ce n’était pas un mur transparent, mais un mur avec l’image du couloir se poursuivant. Nous étions en vérité dans une impasse. Lanick profita de l’aubaine pour prendre de l’acide dans une fiole.

Revenant à la salle toboggan, nous constatâmes que les fumées s’étaient enfin dissipées. Grimpant sur la pente, il nous suffit d’attacher une corde au levier d’ouverture, redescendre et tirer pour ouvrir la porte et laisser s’évacuer tout le liquide.

La salle suivante, où le liquide était stocké, était ronde avec une nouvelle porte diamétralement opposée. Je me demande comment on était censé passer cette salle sans libérer le liquide. Un passage que nous n’avions pas trouvé ? Poursuivant notre chemin pendant un long moment, nous fûmes stoppés par une porte solide. Mais à quoi sert une grosse porte si la serrure n’est pas à la hauteur ? Avec quelques gouttes de l’acide précédemment recueilli, Lanick fit sauter le verrou, découvrant un escalier montant vers une trappe au plafond. L’ouvrant, Dench découvrit une pièce emplie avec un bassin d’eau venait de la lumière. Raoh se porta volontaire pour plonger. S’encordant pour que nous le remontions en cas d’alerte, il plongea et passa sous l’eau dans la salle suivante.

A son retour, il nous décrit que le siphon débouchait au fond d’un puit muni de barreaux et que, montant doucement, il avait pu constater qu’il était arrivé dans la cour d’un château. La surprise était grande : le seul château du secteur était celui du seigneur, soi-disant à trois jours de marche. Ce n’est certes pas nos quelques heures de marche souterraines qui ont pu nous permettre d’y parvenir.

Comme nous étions à peine en fin de matinée, nous décidâmes de ressortir par la cascade et de repérer, en suivant en surface les couloirs, ce fameux château. Comment me demanderiez-vous ? Mais par le sens inné de l’orientation naine en milieu souterrain, bien sûr ![viii]

Une mauvaise nouvelle nous attendait à la sortie : Cyd s’était échappé. Sans doute récupéré par Bertrand qui, contrairement à nos suppositions, n’était manifestement pas allé dans les tunnels. Pariant une prochaine entrevue avec ces deux cinglés, nous partîmes pour la position calculée du château.

En quelques heures de marche à peine, il nous fallut admettre qu’il y avait de la magie dans l’air : pas de château. Et oui, nous étions parfaitement sûrs de notre position. Pas de doute, nous avions dû passer sans nous en rendre compte par un portail de téléportation, ou autre gadget m’as-tu vu de ces fichus sorciers, qui a considérablement réduit la distance.

Quelques heures plus tard, nous étions de retour au puits. La nuit était tombée et nous pouvions furtivement entreprendre l’exploration. Ce fut aussi simple que rapide : il était quasiment vide. Quelques serviteurs ronflants, pas de gardes et le seigneur local. Un réveil brutal et un interrogatoire courtois plus tard, les suppositions de Lanick se confirmèrent : c’était un vieux gâteux. Qu’il est triste de voir les anciens de cette race incapables de transmettre correctement leur savoir[ix].

Il put nous bégayer quelques infos intéressantes : la femme de Raoh n’était pas ici, mais à la fête du village. Ainsi que les six gardes. Et cours après moi que je t’attrape. La nuit était bien avancée et le château sous contrôle. Nous décidâmes d’y finir la nuit avant de nous remettre en route pour le village.

Et là, je vais devoir écourter la fin de mon récit. C’était il y a maintenant bien des années, et pourtant la terrible suite des évènements devait être forgée au gromril[x] dans mon cœur.

De loin, nous pûmes voir l’absence du raisin. Comme vendangé, sauf qu’à moins que les viticulteurs soient vraiment rapides, il n’y avait pas le temps de faire cela en seulement une journée d’absence. Ce fut le silence qui nous avertit que quelque chose était arrivés. Et nous ne pûmes que découvrir un effroyable charnier. Hommes, femmes, enfants, visiteurs, paysans…

Ils étaient tous morts.

La vérité éclata. Le danger immédiat n’était pas les notables dévoyés, mais bel et bien le raisin corrompu. Les créatures avaient brutalement éclos. Nous nous sommes bien sûr précipités sur leur piste, ne serait-ce que pour prévenir leurs futures cibles. Mais leurs traces disparurent mystérieusement. Et nous ne pouvions plus que contempler la tragédie.

Nous n’avions même pas la possibilité de leur offrir un enterrement décent, même pas un bûcher. Ils étaient tout simplement trop nombreux. Je ne pus que leur offrir mes prières. Mes compagnons en profitèrent pour prendre ce qui pourrait être utile, mais je n’en avais pas l’envie.

C’est le cœur lourd de tristesse que je quittai ce lieu de désespoir. Laissant ce charnier derrière moi, une question me taraudait. Aurais-je pu empêcher cela ? Oui, certainement. Si j’avais agi en vrai prêtre et été plus loin dans mes recherches spirituelles, j’aurais pu entrer en contact avec cet esprit perverti et libérer les vignes. Mais j’ai sottement suivi le chemin de la destruction et la violence appelle la violence.

Mon inexpérience n’est même pas une excuse, le soutien de Marthammor Duin compense largement cela. D’ailleurs, étais-je encore digne de lui ? Je sentais toujours Sa présence, signe qu’Il m’accordait une seconde chance.

Mais il nous fallait maintenant aller de l’avant. La femme de Raoh n’était pas parmi les victimes. Elle était toujours portée disparue. Et les pièces d’or que Lanick avait trouvées allaient nous aider à peut-être parvenir à réparer nos manquements.


Raynar Ecu-de-Pierre,
du clan des Cherchegemmes







[i] NdA : Comme le plagiera un pitoyable auteur humain

[ii] NdT : rappelons que le clan de Raynar est une communauté de mineurs

[iii] NdT : personnage d’une vieille histoire naine où un enfant humain perdu dans la forêt démontre son incapacité à évoluer en se contentant d’imiter les loups

[iv] NdT : c’est bien sûr du verre, mais ce n’est pas courant à cette époque

[v] NdT : expression illustrant des débats sans fin

[vi] NdA : et les elfes prétendent que nous ne savons pas faire de jeux de mots !

[vii] NdT : on dira aujourd’hui « la lumière se fit »

[viii] NdT : et aussi par le sens de l’orientation du villageois au nom encore inconnu, mais chut

[ix] NdA : il faudrait que je prévoie un compteur à preuves de la supériorité naine !

[x] NdT : on dira aujourd’hui « marqué au fer rouge »
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Message par Patrice Sam 23 Juil 2016 - 19:44



" Soudain, sous l'effet de la tension d'une culpabilité sans doute trop forte, Lanick et l'enfant sauvage tous deux se transformèrent : leur corps se couvrirent d'écailles, devinrent si grands qu'ils occultèrent les astres eux-mêmes. Et dans une ultime étreinte, explosant d'une rage que l'on entendit à des lieues d'ici, ils s'entredéchirèrent. Les premiers dragons furent aussi les derniers. Leurs os noirs jonchent à présent la terre. "
Les Chants du Ver Galant

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